Une utilisation plus stratégique des médicaments antirétroviraux contre le VIH peut faire baisser la transmission du virus

Afriquinfos Editeur
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"Chaque année, plus d'un million de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire commencent à prendre des médicaments antirétroviraux", a rappelé le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS.

"Mais, pour chaque personne qui démarre le traitement, deux autres s'infectent. Une nouvelle extension et l'utilisation stratégique de ces médicaments pourraient radicalement modifier la donne. Nous avons maintenant des données établissant que les mêmes médicaments que nous utilisons pour sauver des vies et garder les gens en bonne santé peuvent aussi les empêcher de transmettre le virus et réduire le risque d'infecter autrui", a-t-elle souligné.

Selon l'OMS, en 2011, une étude multipays faite par le Réseau pour les essais de prévention du VIH a montré que les antirétroviraux (ARV) faisaient baisser de 96 % la transmission du VIH dans les couples où un seul des deux partenaires est séropositif. Par la suite, une nouvelle étude en Afrique du Sud a confirmé ces résultats.

L'OMS préconise une utilisation plus stratégique des antirétroviraux avec de nouvelles lignes directrices pour traiter les sujets séropositifs qui ont des partenaires indemnes de l' infection (les couples "sérodiscordants"), recommandant de proposer le traitement antirétroviral au partenaire séropositif, quel que soit l'état de son système immunitaire, de façon à réduire la probabilité de la transmission du VIH au partenaire indemne.

On estime que jusqu'à 50 % des personnes séropositives en couple ont des partenaires séronégatifs. Le Rwanda et la Zambie mettent déjà en oeuvre cette politique. Plus d'une douzaine de pays indiquent qu'ils planifient de se joindre à eux.;

L'OMS propose une recommandation pour envisager de modifier la pratique actuelle de la prévention de la transmission mère- enfant (PTME). Le Malawi, par exemple, propose désormais les ARV à toutes les femmes enceintes séropositives, quel que soit l'état de leur système immunitaire, et leur demande de poursuivre le traitement à vie. En plus de traiter les femmes infectées et de prévenir la transmission à leurs enfants, cette mesure peut aussi protéger les partenaires.

L'OMS recommande actuellement aux personnes chez qui on diagnostique le VIH de commencer à prendre des ARV lorsque l'état de leur système immunitaire se traduit par une numération des CD4+ égale ou inférieure à 350 cellules/mm3. Il apparaît de plus en plus que l'infection à VIH provoque une inflammation chronique et accroît le risque d'autres problèmes de santé, comme certains types de cancers, des cardiopathies et le diabète.

L'administration des ARV aux personnes vivant avec le VIH et ayant des partenaires séronégatifs, aux femmes enceintes et aux populations à haut risque, quel que soit l'état de leur système immunitaire, reviendrait à faire passer de 15 à 23 millions le nombre des personnes remplissant les conditions pour bénéficier du traitement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, a affirmé l'OMS.

Dans les 12 prochains mois, l'OMS compilera un nouvel ensemble de recommandations relatives à l'utilisation des ARV pour le traitement et la prévention du VIH. De plus, à la Conférence internationale sur le sida, l'OMS publiera de nouvelles lignes directrices sur diverses questions, par exemple les services pour le VIH à l'intention des professionnels du sexe, de nouvelles recommandations sur l'utilisation des ARV dans certaines circonstances particulières pour une prophylaxie avant l' exposition et la prévention du VIH et de l'hépatite chez les personnes qui s'injectent des drogues.