La ministre française des Armées prône la « patience » au Sahel face aux jihadistes

Afriquinfos Editeur
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La ministre française aux Armées Florence Parly quitte le palais de l'Elysée à Paris, le 30 octobre 2019.

La ministre française des Armées Florence Parly a prôné lundi la « patience » dans la guerre contre les jihadistes dans les pays du Sahel, au QG de la force Barkhane, au Tchad, première étape d’une tournée qui la conduira aussi au Burkina Faso et au Mali, quelques jours après la mort d’un soldat français et de 51 militaires maliens.

« Nous mettrons du temps à vaincre ces groupes qui prospèrent sur les difficultés sociales et économiques des pays sahéliens », a estimé Mme Parly au Centre opérationnel interarmées de Barkhane, à N’Djamena. L’opération française, lancée en août 2014, mobilise 4.500 militaires français dans la bande sahélo-saharienne, en soutien aux armées nationales qui combattent des jihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI) ou à Al-Qaïda. « C’est un combat dans lequel il faut faire preuve de patience », a martelé la ministre, ajoutant: « Barkhane ne s’enlise pas. Barkhane s’adapte en permanence (…), il faudra encore du temps pour construire cette résilience des forces locales ». Et elle a tenu à rassurer, avant de s’entretenir avec le président tchadien Idriss Déby Itno puis, dans les prochaines étapes de sa tournée, avec ses homologues burkinabè et malien: « notre engagement au Sahel est et reste une priorité pour la France ».

« Ce voyage se tient dans un contexte sécuritaire extrêmement difficile », avait déclaré à l’AFP la ministre dans l’avion l’emmenant à N’Djamena, deux jours après la mort, samedi, d’un soldat français tué par un engin explosif dans le nord-est du Mali, un attentat revendiqué par une branche locale de l’EI. Le brigadier Ronan Pointeau, 24 ans, « s’était distingué par sa vaillance, son talent et son enthousiasme (…), nous devons continuer le combat auquel (il) a consacré sa vie, jusqu’à la donner », a déclaré Mme Parly devant les militaires de Barkhane. « Et je veux avoir une pensée pour les militaires maliens tombés lors de l’attaque » à Indelimane vendredi, « eux aussi paient lourdement le prix du sang dans ce combat », a poursuivi la ministre. Au moins 51 soldats maliens ont été tués vendredi et samedi: 49 dans l’attaque d’un camp militaire à Indelimane, dans le nord-est, également revendiquée par l’EI, et deux samedi dans le centre du Mali.

Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali, six ans après l’intervention militaire française Serval, à laquelle a succédé l’opération Barkhane. Elles se sont propagées au Burkina Faso et au Niger voisins. Quatre personnes, dont le député-maire de Djibo, une grande ville du nord du Burkina Faso où les jihadistes multiplient les attaques, ont été tuées dimanche dans une embuscade, non loin d’un camp de l’armée que 70 soldats français de Barkhane avaient contribué à renforcer en septembre. Les armées nationales des pays sahéliens, parmi les plus pauvres au monde, semblent incapables d’enrayer la progression des attaques malgré l’appui de troupes étrangères et notamment des militaires français.

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