Grèves: Voici 60 jours que le social est rudement paralysé au Tchad

Afriquinfos
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N’Djamena (Afriquinfos 2016) – Suite à la grève lancée par les syndicats, les établissements scolaires et les universités n’ont toujours pas ouvert leurs portes pour le compte de cette nouvelle année académique. La date prévue pour la rentrée académique est déjà dépassée de deux mois. Les étudiants et les élèves n’ont toujours pas repris le chemin des amphis et des classes. Les médecins sont aussi mécontents et font du service minimum.

«Notre souci aujourd’hui est de sauver la rentrée scolaire. Nous ne parlons pas encore en termes de l’année scolaire mais que les cours puissent reprendre sur l’ensemble du territoire national. C’est à partir des progressions qu’on peut évaluer et parler de l’année scolaire. Nous avons des stratégies que nous avons adoptées. Nous attendons que les partenaires lèvent leur mort d’ordre de grève pour que nous puissions voir ensemble ce qu’il faut faire pour rattraper les heures perdues», souhaite Laurent Dihoulné, Secrétaire général du ministère tchadien de l’Education. Il espère que la situation va très rapidement se décanter et que les grévistes vont entendre raison en suspendant leur mouvement.

Mais pour Jérémie Guirayo, président du Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur membre de la plateforme de revendication syndicale, même si l’année scolaire est sauvée, cela ne garantit rien. Puisque selon lui,  le plus dur sera de sauver  l’année académique.

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Les 1ers à être touchés par ce débrayage sont naturellement les élèves et les étudiants. Ils sont toujours à la maison deux mois après la fin de leurs vacances. Au lycée «Félix Eboué» par exemple, les responsables ont suspendu les inscriptions. La raison,  les parents n’ont pas encore eu leurs salaires et donc il est difficile pour eux d’inscrire leurs enfants. Même son de cloche au Lycée d’Enseignement Technique où les portes de l’administration et des salles de classes sont closes. Cette situation donne lieu à de diverses supputations et interprétations. Ainsi, il se raconte que l’année scolaire et académique 2016-2017 sera blanchie si les cours ne reprennent pas au plus tard à la mi-novembre. Une rumeur balayée du revers de la main par Laurent Dihoulné.

Tchad, pays malade sur le plan social

Le Tchad est secoué par une série de revendications. A la grève des enseignants, s’ajoutent celles des médecins et du personnel soignant. A l’hôpital général de référence nationale, tous les services tournent au ralenti sauf le service des urgences où, sur initiative du médecin chef Annour Mahamat Abdélaziz, un service minimum est assuré. «C’est vrai, aujourd’hui, ça fait deux mois qu’ils n’ont pas perçu leurs salaires. Moi, en tant que médecin, je reconnais que cette situation est difficile, mais ceci ne permet pas de rester à la maison et de laisser les gens mourir. Ceux qui viennent en urgence vraiment, nous les prenons en charge», se défend le médecin chef. Ce sont l’Union des Syndicats du Tchad, le Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur et la Confédération Indépendante des Syndicats du Tchad, regroupés au sein d’une plateforme qui  revendiquent les arriérés de salaire. Ils exigent la suspension des mesures de redressement des finances publiques prises par le Gouvernement.

Anani  GALLEY