« Ce n’est pas maïs dé, c’est caillou là ! »

ecapital
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Si l'on vous demande l'un des moments les plus poignants de cette finale entre les Éléphants ivoiriens et les Chipolopolos zambiens, ce n'est pas quand Kolo Touré s'élance de dix mètres et rate son coup lors des tirs au but ! Ce n'est même pas quand le capitaine ivoirien Didier Drogba loupe son penalty contre un Mweene provocateur qui veut le congratuler pour son coup de pied malheureux… Non ! C'est lorsque un Zambien s'avance vers la lucarne, pendant séance des tirs aux buts et que Drogba (décidément, il aura marqué le match, celui-là !) le touche de l'épaule. Le geste est clairement visible sur l’écran de toile sur lequel est retransmis le match. Et là, retentit dans la salle un cri : “ Drogba vient de l'ensorceler !

La rencontre avait débuté sous des auspices prometteuses. Nous sommes au maquis Cocody, à Bujumbura. Ils sont trente Ivoiriens, ou un peu plus, assis là, le maillot des Eléphants jetés sur le dos. Ils travaillent pour la plupart dans des organismes internationaux et sont venus célébrer “la victoire”, avec force soukous et coupé décalé, le drapeau national accroché à la porte d’entrée.

Autant de dames que de messieurs. D'un côté, les frères de Drogba invaincus, zéro but encaissé, qui espèrent décrocher la Coupe, notamment pour aider la Côte d’Icoire à cicatriser ses déchirures politiques et retrouver confiance en elle-même. De l'autre, des Chipolopolos décomplexés, tout en jambes, tombeurs du Sénégal, puis du Ghana.

Lcaméra nous montre brièvement, assis à la tribune officielle, le visage de Pierre Nkurunziza, le Président burundais, invité de son homologue gabonais. Puis, à la quinzième minute ! Premier coup franc de cette finale, tiré par le capitaine des Ivoiriens : " Fais-moi crier ", lance dans la salle un supporter ivoirien. Quand le même Drogba s'avance plus tard pour tirer le pénalty sanctionnant une faute de la Zambie sur le véloce Gervinho, les cris fusent : " Oh non ! Pas lui ! " La funèbre prédiction était justifiée. La balle vole haut, haut, si loin des cages emportant avec elle l’unique grande occasion en or de s’adjuger le trophée : " Comment peut-on prendre un ballon et le mettre en haut-là ? ", éructe un Ivoirien.

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Fréquemment, fusent des jurons et des sentences : " Le marabout des Zambiens est trop fort là ! " " Ce n'est pas maïs dé, c'est caillou là ! ", lâchera un Ivoirien, étonné, pour ne pas dire conquis, par la technicité des Zambiens. Ces supporters invétérés des Eléphants semblent tout à coup découvrir, jusqu'à l’énervement, la vélocité des Zambiens et leur envie d'en découdre avec leurs adversaires. Il en sera ainsi jusqu’au coup de sifflet final. Sans avoir encaissé dle moindre but durant la compétition, la Côte d'Ivoire venait de perdre la finale. Les mines sont graves, la déception perceptible sur les visages. Les drapeaux aux couleurs ivoiriennes sont subrepticement retirés lorsque les Chipolopolos envahissent le terrain pour célébrer leur exploit. Il faut aller se coucher. Demain est un autre jour.