Athlétisme : L’Afrique Centrale confrontée aux problèmes de logistique

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De ces sept pays, seul le Gabon n'a pas remporté de médaille. Un résultat dû au manque de préparation préalable, selon le coach de la sélection gabonaise, Henri Mouguengui. «Ça fait deux ans que nous n'avons pas organisé des compétitions d'athlétisme. Tous les stades sont en chantier pour la Coupe d'Afrique des nations (CAN) de football qui aura lieu en 2012. Mais il faut avouer que le résultat n'est pas bon», a-t-il expliqué à Xinhua.

Pour la préparation des 10e Jeux africains prévus à Maputo, du 3 au 18 septembre, et les Jeux olympiques de Londres 2012, «les autorités gabonaises ont donc choisi d'envoyer leurs athlètes en stage en France, et ce sont ceux là qui seront à Londres 2012», a- t-il ajouté.

Les athlètes tchadiens font face aux mêmes difficultés: pas d'organisation des compétitions, ni de stages, encore moins de séances d'entraînement pour les athlètes locaux. «Il y a quatre ans, la Fédération tchadienne d'athlétisme fonctionnait normalement. Maintenant, ça ne va pas. Ça ne marche pas», explique l'encadreur technique du Tchad, Biyago Kimitene.

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«Les athlètes ne s'entraînent pas depuis le début de l'année. Le ministre des Sports, à cause d'un conflit avec la Fédération tchadienne d'athlétisme, a fermé le stade aux athlètes. On ne sait pas ce que les athlètes vont devenir sans compétition», se lamente- t-il.

Le Tchad, qui repart de Yaoundé avec cinq médailles (2 en or, 2 en argent et 1 bronze) compte sur l'expérience de ses athlètes installés à l'étranger, pour gagner davantage de distinctions aux 10e Jeux africains de Maputo. Il s'agit d'Albertine Ihkissia et Haroun Mahmat, les spécialistes des courses de vitesse (100m et 200m), qui suivent un entraînement spécial au Centre international d'athlétisme de Dakar.

Un autre grand espoir de ce pays, Kaltouma Nadjina, championne du Tchad, championne d'Afrique et championne des Jeux de la Francophonie aux 200m et 400m, s'entraîne au Canada.

La Fédération tchadienne d'athlétisme fonctionne grâce aux fonds personnels de son président et des épargnes de quelques membres. De Ndjamena à Yaoundé, les athlètes ont voyagé par route dans un premier temps, et ensuite par train, soit plus de 1500 km.

 

C'est ce que regrette l'entraîneur tchadien: «L'athlétisme en Afrique Centrale dort. A chaque fois, on a de grands champions en Afrique de l'Est et en Afrique du Nord. Pourquoi pas aussi en Afrique Centrale ?»

La situation n'est guerre meilleure en République centrafricaine. Partis de Bangui, les trois athlètes de la RCA, et leur entraîneur, ont mis deux jours et demi pour arriver à Yaoundé, par voie terrestre.

Le athlètes du Congo-Brazzaville sont aussi abandonnés à leur triste sort. Un seul a été envoyé à Yaoundé. Et les trois athlètes de la République démocratique du Congo (RDC) sont arrivés au Cameroun, sans entraîneur ni encadreur médical. Le budget débloqué par les autorités de la RDC n'a pas permis à tous les membres de la délégation de se payer des billets d'avion.

Au Cameroun, qui se veut la locomotive d'Afrique Centrale dans le domaine du sport, la piste d'athlétisme du stade de Yaoundé, construit en 1971, pour les matches de la 8e CAN, est délabrée et inopérante.

«Le tartan est déjà usé. On dirait qu'on court sur du béton. Ça glisse. Pourquoi privilégier le football et négliger l'athlétisme? Les autorités camerounaises gagneraient à s'impliquer dans le développement de toutes les disciplines sportives», indique l'athlète de la RDC, Fidèle Kitengue.

Le ministère camerounais des Sports et de l'Education physique a envisagé le report, et même l'annulation des championnats d'athlétisme, avant de se résoudre à octroyer 92.000 US dollars à la Fédération camerounaise d'athlétisme. Cette somme a servit pour payer les primes, le transport, l'hébergement et la nutrition des athlètes.

Mais, la réfection du tartan a été abandonnée. «J'ai fait les qualifications au Cameroun pour les Jeux olympiques de 1996 à Atlanta. Le tartan était en bon état. Cette piste est tellement dégradée aujourd'hui et ne permet pas aux sportifs de courir convenablement. C'est vraiment dommage», regrette l'ancien athlète tchadien, Biyago Kimitene.

Les nombreux lauriers glanés au plan africain et mondial par les Camerounais contrastent avec l'état de quelques rares infrastructures existantes. Face à cette situation, de nombreux athlètes s'exilent dans des pays qui leur offrent de meilleures perspectives financières et matérielles.

Françoise Mbango, double médaillée d'or olympique (2004 et 2008) du triple saut féminin, a acquis la nationalité française au lendemain des Jeux olympiques de Beijing 2008.

La Guinée équatoriale intègre de plus en plus de sportifs étrangers dans ses équipes. Mais, cette politique n'a pas encore eu d'impact direct sur les résultats au plan international.