Soudan du Sud: Prorogation de 12 mois de l’embargo onusien sur les armes et les sanctions individuelles imposées depuis 2018

Afriquinfos Editeur
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Le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, le 3 février 2023 à Juba.

Malgré les réticences de plusieurs Etats membres, le Conseil de sécurité de l’ONU a prorogé jeudi 30 mai 2024 d’un an l’embargo sur les armes et les sanctions individuelles imposées depuis 2018 au Soudan du Sud, déchiré par la violence et la misère.

La résolution préparée par les Etats-Unis a recueilli neuf voix pour (le minimum pour être adoptée), six pays s’abstenant. Le texte, s’inquiétant de « la poursuite de l’intensification de la violence, prolongeant la crise politique, sécuritaire, économique et humanitaire dans une large partie du pays », prolonge pour un an, jusqu’au 31 mai 2025, l’embargo sur les armes.

Carte du Soudan du Sud.

Il prolonge également l’assouplissement introduit il y a un an qui permet que le transfert de matériel militaire non létal destiné à la mise en oeuvre de l’accord de paix de 2018 soit possible sans notification préalable. Et assure que le Conseil est prêt à « revoir » ultérieurement l’embargo, y compris envisager sa suspension ou sa levée progressive, « à la lumière des progrès » accomplis. Cet embargo « reste nécessaire pour juguler le flot d’armes vers une région inondée d’armes. Trop de gens, en particulier des femmes et des enfants, paient le prix de cette violence », a justifié l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood.

Un avis contesté par Juba et plusieurs membres du Conseil comme la Russie qui réclament de longue date la levée de cet embargo. « Il est essentiel de reconnaître les progrès que nous avons faits », a plaidé l’ambassadrice du Soudan du Sud Cecilia Adeng, appelant le Conseil à une « approche plus équilibrée ». « Lever l’embargo sur les armes nous permettrait de construire des institutions de sécurité nécessaires pour maintenir la paix et protéger nos citoyens », a-t-elle défendu.

L’embargo « ne sert plus les objectifs pour lesquels il a été mis en place » et a même « des effets négatifs », a renchéri l’ambassadeur algérien Amar Bendjama, qui s’est abstenu, tout comme les autres pays du groupe africain (Sierra Leone, Mozambique), la Russie, la Chine et le Guyana. Les embargos de l’ONU sur les armes sont de plus en plus contestés en particulier par des pays africains, souvent soutenus par la Russie.

« Il est clair qu’à ce stade, de nombreux régimes de sanctions du Conseil, y compris contre le Soudan du Sud, sont dépassés et doivent être révisés », a plaidé l’ambassadrice russe adjointe, Anna Evstigneeva, regrettant que les Etats-Unis voient cet embargo contre le Soudan du Sud comme « la panacée pour tous les problèmes du pays ». De 2013 à 2018, ce pays de 12 millions d’habitants a été en proie à une guerre civile sanglante entre les partisans des deux leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait 380.000 morts.

Malgré un accord de paix signé en 2018, les violences perdurent et le pays compte toujours plus de 2 millions de déplacés internes, selon l’ONU.

© Afriquinfos & Agence France-Presse

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