Sona Jobarteh, une professionnelle pas comme les autres de la Kora à mieux découvrir

Afriquinfos Editeur 3 Vues
4 Min de Lecture

Abidjan (© 2024 Afriquinfos)- Amoureuse de la Kora dès l’âge de quatre ans, la Gambienne Sona Jobarteh a réussi par démystifier cet instrument qui était autrefois réservé qu’aux hommes. Première joueuse professionnelle de la Kora, un instrument que la tradition réserve uniquement aux hommes griots, elle a ouvert la voie à d’autres jeunes femmes.

 Agée de 40 ans aujourd’hui, l’artiste désormais reconnue mondialement est consciente que son ascension n’a pas été facile, et ce alors même qu’elle vient d’une prestigieuse lignée de griots, avec un grand-père grand maître de la kora, Amadu Bansang Jobarteh et un cousin, le musicien malien Toumani Diabaté, considéré comme l’un des plus grands joueurs de cet emblème musical de la musique mandingue.

Elle a étudié la Kora auprès de son père, et à 17 ans elle a décidé de défier la tradition et d’en faire sa profession. ‘’Le processus de l’apprentissage de la Kora a été différent pour moi par rapport à d’autres membres masculins de la famille  parce que la Kora est un instrument social0 étant femme c’était difficile d’être acceptée’’, s’est-elle confiée. Et de poursuivre : « Je ne sais pas ce que c’était » mais « j’ai toujours été attirée » par la kora « et j’ai commencé à jouer jeune« , se souvient-elle.

« La kora est un instrument social qu’on apprend au sein d’une communauté », mais en tant que femme « il a été difficile pour moi d’être acceptée« , raconte-t-elle. « C’était devenu un parcours personnel« , quelque chose de « très inhabituel par rapport à la voie normale d’apprentissage de la kora en famille« .

L’artiste tenace qui voit son rêve se réaliser a à ce jour deux albums à son actif et une célébrité internationale. Elle reconnait toutefois que d’autres défis demeurent, celui notamment d’être reconnue et acceptée sans forcément être née dans une famille de griots. Activiste également, elle a fondé dans son pays la Gambia Academy,  première Académie de musique et Centre culturel visant à accompagner les jeunes générations.

’A l’heure actuelle il est  difficile d’évaluer l’impact que j’ai eu pour lacer les femmes à cet instrument, tout ce que je constate, c’est que les femmes avec lesquelles j’ai un contact directe, de nombreux jeunes filles qui étudient à l’Académie ont aujourd’hui la possibilité d’apprendre cet instrument. C’est toujours inhabituel à voir et c’est incroyablement inspirant pour moi.’’, a-t-elle également laissé entendre.

« Je sens que quelque chose de très spécial est en train de se passer quand j’assiste à ces cours (…) c’est le changement que nous commençons à voir« , se dit-elle. Sa persévérance, son succès international – comme son tube « Gambia » – et ses collaborations avec des artistes renommés, ont ouvert la voie aux jeunes filles.

Une première participation au FEMUA

Invitée au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) qui s’est tenu à Abidjan, Sona Jobarteh est montée sur scène avec assurance, accompagnée de percussionnistes, d’un balafoniste, d’un guitariste et d’un bassiste.

Dans un élégant ensemble en wax, les cheveux tressés et quelques bijoux, ses doigts ont parcouru avec virtuosité les cordes métalliques de sa kora, tendues du haut d’un manche en bois jusqu’à la partie plate d’une calebasse décorée. Ils créent des mélodies envoûtantes par leur mélancolie et la répétition de certains rythmes. La musicienne enchaîne les tournées internationales depuis plusieurs années: si cette avant-gardiste a enfreint la tradition, c’est pour mieux la faire rayonner.

V. A.

Exit mobile version