Jean Todt, de la vitesse au plaidoyer pour la limitation de vitesse pour sauver des vies sur les routes en Afrique

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2023 Afriquinfos)- Jean Todt, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière était en visite en visite en Afrique de l’Ouest (3-8 mai), pour accélérer la mise en œuvre de nouvelles politiques de mobilité,  alors même que l’Afrique sub-saharienne est la région du monde la plus touchée par les accidents de la route, a indiqué la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU).

L’émissaire onusien a lors de son séjour sur le continent, plaidé en faveur de la mise en œuvre effective du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030, qui vise à réduire de moitié le nombre de victimes sur la route d’ici 2030. Il a entamé sa visite par le Sénégal (3-6 mai), puis ensuite il s’est rendu en Côte d’Ivoire (7-8 mai) pour rencontrer les ministres ainsi que des représentants du secteur privé, du secteur public et des ONG

L’Afrique sub-saharienne est la région du monde la plus touchée par les accidents de la route, affichant un taux de mortalité de 27/100.000 habitants, soit trois fois plus que la moyenne de 9/100.000 en Europe. La moyenne mondiale s’établit à 18/100.000.

’L’Afrique est particulièrement touchée par cette tragédie que sont les accidents de la route, représentant la première cause de la mortalité de ses jeunes’’, regrette Jean Todt, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière.  ‘’On y déplore autour de 25% du nombre de victimes, alors que le continent concentre à peine 2% du parc automobile mondial. Ceci est intolérable alors que des solutions existent’’.

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Ce début d’année a été marqué par des collisions tragiques au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Deux accidents de bus survenus en janvier dernier au Sénégal ont coûté la vie à 62 personnes et en ont blessé une centaine d’autres.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le taux de mortalité sur les routes est de 24/100 000 habitants au Sénégal. 519 personnes sont décédées sur les routes sénégalaises entre le 1er janvier et le 3 septembre 2022, ce qui dépasse le nombre de décès (487) pendant toute l’année 2021.

En janvier, à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, c’est encore un accident de bus qui causait la mort de 14 personnes et en blessait 70 autres tandis qu’une collision provoquait la mort de 25 personnes en août 2022 au nord d’Abidjan. La moyenne journalière des accidents de la route en Côte d’Ivoire est passée de 12 en 2012 à 46 en 2022 selon le Conseil national de sécurité (CNS).

Des défis à relever de toute urgence

Ces accidents de bus ont mis en lumière la vétusté du parc automobile des deux pays, le manque de contrôle technique et le non-respect du code de la route.L’alcool au volant, la vitesse, la somnolence, la négligence, le non-port de la ceinture de sécurité et du casque, et le non-respect du Code de la route sont à l’origine de la majorité des accidents de la route en Afrique, indique la CEE-ONU dans un communiqué. Les faux permis, le manque d’application des sanctions et le manque de sérieux des contrôles techniques sont aussi des causes majeures d’accidents.

Parmi les solutions à mettre en œuvre, il y a non seulement la nécessité de renforcer les services de santé accueillant les blessés, mais aussi l’adhésion à la Charte africaine de la sécurité routière et aux Conventions de base des Nations Unies en matière de sécurité routière ou encore la nécessité de renforcer les campagnes de sensibilisations à l’égard du public.

Des actions de sensibilisation sont également mises en œuvre régulièrement.

En Côte d’Ivoire, de nouvelles initiatives ont également été prises, concernant notamment le renforcement les lois en matière de sécurité routière, la création d’une police du trafic ou des Etats généraux des transports. En 2021, le gouvernement a décidé de faire appliquer le port du casque après plusieurs accidents mortels dans le nord du pays.

En 2020, le Conseil des ministres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal font partie, a adopté une directive sur la limitation des émissions des véhicules, qui réglemente les véhicules neufs et d’occasion importés dans la région. La directive comprend des restrictions concernant l’’âge des véhicules, une limite d’émissions et une exigence d’homologation. Cette initiative constitue la première approche harmonisée en Afrique pour réglementer les véhicules d’occasion importés. Lorsqu’elle sera pleinement mise en œuvre, elle aura un impact significatif sur l’environnement, la santé et la sécurité routière, indique le communiqué de la CEE-ONU.

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