La beauté du noir à travers la civilisation orientale (interview)

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Naersi, âgée de 34 ans et originaire de la préfecture autonome mongole du Haixi dans la province du Qinghai (nord-ouest), était en tournée en Europe et projetait de faire ses études de danse moderne en Allemagne lorsque le ministère chinois de la Culture l'a invitée à participer au projet de coopération culturelle sino-camerounaise pour rétablir le Ballet national du Cameroun. Elle accepta et décida d'aller en Afrique. "C'était vraiment un défi pour moi et quelque chose d'intéressant. Je voulais essayer de mener ce projet à bien", explique Naersi en se remémorant cette décision avec excitation lors d'une interview exclusive accordée à l'agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle).

Un visage carré encadré de cheveux blonds, clairs et ondulés, ses yeux traduisent une résolution inébranlable et ses mots révèlent une générosité typique de l'ethnie mongole. Enseigner la danse moderne au Cameroun répondait à son aspiration, non seulement car il s'agissait de son domaine d'études, mais aussi parce que la danse moderne permet aux danseurs d'extérioriser leurs sentiments à travers leur corps.Il est en outre facile d'introduire des particularités africaines lorsqu'on chorégraphie des programmes, ce qui favorise également la protection de la culture traditionnelle africaine, ajoute-t-elle.

Dès son arrivée au Cameroun en août 2005 avec son collègue Jiang Keyu, Naersi a présenté à ses étudiants des concepts fondamentaux issus des civilisations orientales, dont le tai-chi (boxe traditionnelle chinoise), les théories philosophiques du taoïsme et le yoga afin de mieux leur faire comprendre l'esprit et les mouvements de la danse moderne.

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Après presque deux ans d'efforts et d'entraînements assidus, Naersi et ses étudiants ont offert leur première représentation officielle en juillet 2007 à Yaoundé, capitale camerounaise, en présence des représentants d'ambassades et d'organisations internationales dans le pays et devant les yeux de deux milles habitants locaux. La grande réussite de leurs représentations symbolise la renaissance officielle du Ballet national du Cameroun, fondé pour la première fois dans les années 1970.

Pour ses étudiants, Naersi est chorégraphe, productrice et réalisatrice de programmes et professeur de danse. Elle est également comme une mère et une amie intime. Ils ont visité sa maison le week-end et l'ont invitée chez eux, parfois dans les zones montagneuses lointaines. Ils lui demandaient son opinion sur leurs petit(e)s ami(e)s, comme si elle était membre de leur famille. La fréquence de leurs contacts et leur intimité quotidienne a contribué au mariage des civilisations chinoise et africaine. "Regardez les représentations de mes étudiants et vous pourrez voir des signes du tai-chi chinois", explique Naersi avec fierté. Bien qu'elle ne leur ait jamais enseigné de mouvements du tai-chi, elle en a intégré les concepts dans sa pédagogie, et ses étudiants les ont bien assimilés.

D'après Naersi, les civilisations chinoise et africaine sont liées l'une à l'autre et sont caractérisées toutes deux par une longue histoire. Ce sont des civilisations aux origines millénaires qui font reparaître des facteurs musicaux simples. Naersi a visité en plus de trois ans plusieurs tribus de ce pays ouest-africain et enregistré une cinquantaine de danses et musiques originales. L'adoption des civilisations orientales par ses étudiants a également profité de cette union.

Les programmes réalisés par les étudiants de Naersi peuvent représenter les spécificités de danses ethniques, réinterpréter les danses nationales dans l'esprit de la danse moderne, refléter les conditions de vie actuelles du peuple africain, ainsi que faire revenir à leur état primitif les musiques anciennes.

Leurs représentations officielles ont obtenu de grands succès et ont été récompensées par les chaleureux applaudissements des spectateurs. Elles ont aussi été saluées par les dirigeants des deux pays. Le président camerounais et son épouse ont assisté à plusieurs reprises à ces représentations, et l'ancien ministre chinois des Affaires étrangères Li Zhaoxing les a qualifiées de fascinantes.

Les étudiants de Naersi ont aussi donné une représentation intitulée "La Beauté du noir " lors des célébrations pour les Jeux olympiques 2008 de Beijing.

En janvier 2009, Naersi a quitté le Cameroun. Cette jeune Chinoise qui a créé sa propre entreprise à Beijing s'efforce d'aider ses étudiants à donner des représentations en Europe et à faire leurs études en Chine. "Si j'ai l'occasion, j'aimerais retourner et enseigner de nouveau en Afrique", explique-t-elle avec enthousiasme.