Désertification : 12 millions d’hectares sont transformés en terres stériles par an (UNCCD)

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"Chaque année, du fait des sécheresses et de la dégradation des terres dans les zones sèches du monde, douze millions d'hectares de terres fertiles sont transformées en terres stériles. Douze millions d'hectares, c'est plus que la superficie du Bénin, mon pays, et c'est trois fois la superficie de la Suisse", a fait savoir M. Gnacadja, dans une interview exclusive accordée à l'agence Xinhua au terme d'une table-ronde consacrée à la décennie.

Si la tendance de désertification n'est pas inversée, l'Afrique perdrait à terme, selon la FAO, deux tiers de ses terres arables, a-t-il argumenté.

Selon des statistiques de l'ONU, plus de 110 pays du monde possèdent des terres arides potentiellement menacées ou déjà affectées par la désertification. En Afrique, 1.000 millions d'hectares, soit 73% de ses terres arides, sont affectés par la désertification, et ce chiffre s'élève à 1.400 millions en Asie.

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Les terres arides soumises à la désertification ne concerne pas uniquement les pays en développement. Le continent qui possède la plus forte proportion de terres arides est l'Amérique du nord avec 74% des terres touchées, tandis que cinq pays d'Union européenne (UE) sont également affectés. La plus large part de terre dégradée se trouve dans la Communauté des Etats Indépendants (CEI).

"C'est un défi à la fois local et global, d'où l'impérative d'une coopération internationale pour relever ce défi. Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est les nouveaux déserts faits de main d'homme, qui sont la conséquence de notre mauvaise gestion de l'environnement en général, et des terres en particulier", a-t-il noté.

En ce qui concerne les facteurs d'entraves à la mise en oeuvre de la convention, M. Gnacadja a fait état de trois défis majeurs.

Le premier défi est que la plupart des pays en développement affectés n'ont pas intégré le programme d'action de la lutte contre la désertification dans leur plateforme nationale de développement, d'accélération de la croissance et de lutte contre la pauvreté, ni y investi leurs parts des ressources budgétaires nationales.

Deuxièmement, les pays développés, qui, dans le cadre de la convention, ont la responsabilité d'apporter leurs soutiens en terme de transfert de technologie, n'ont pas fait à la hauteur de ce qui est nécessaire.

En outre, M. Gnacadja a fait ressortir une trop grande sectorialisation dans les actions menées tant au niveau local qu'au niveau global, qui se traduit par un manque de liens intrinsèques entre les efforts déployés sur la dégradation des terres et ceux sur le changement climatique et la perte de la biodiversité.

"Cette façon de mettre cette problématique dans la tour d'ivoire et de ne pas agir de façon intégrée reste aussi un défi", a-t-il dit.

Face aux défis, M. Gnacadja a mis l'accent sur la nécessité d'améliorer les conditions de vie de la population affectée par la désertification, la pauvreté restant l'un des premiers facteurs de dégratation de terres.

Parallèlement, il faut faire des investissements nécessaires pour améliorer les conditions des écosystèmes affectés par la désertification, pour leur donner la capacité de se regénérer et d'être restaurés, a-t-il relevé, tout en soulignant la perception que le bon fonctionnement des terres permettra la régulation climatique à travers le couvert végétal et la forêt.

Abordant le rôle du secrétariat de la convention, M. Gnacadja a noté que son institution travaillait maintenant au transfert de la technologie et au partage des connaissances, pour que l'action locale soit plus pertinente et que les résultats obtenus dans certains pays puissent servir de leçons aux autres.

Par ailleurs, le secrétariat s'attèle également à guider le partenariat au niveau international vers des actions intégrées, qui tiennent compte des défis liés à la fois au climat, à la biodiversité et à la sécurité alimentaire, de manière à accroître l'efficacité dans la lutte contre la désertification.

La Décennie des déserts et la lutte contre la désertification 2010-2020 est proclamée le 21 décembre 2009 par l'Assemblée générale des Nations unies, suite à une recommandation solennelle faite par l'Algérie. Depuis lors, l'ONU a invité tous les pays parties de la convention, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé à organiser des actions, activités et évènements à l'échelle nationale, régionale et internationale pour célébrer cette décennie.