Meurtre de Malcom X: Remise en cause du procès des condamnés ou davantage de recherche de la vérité?

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New York (© 2021 Afriquinfos) – Deux hommes condamnés en 1966 pour l’assassinat de Malcolm X en 1965, vont être innocentés, selon une annonce du procureur de New York. Des « preuves cruciales » auraient été dissimulées à l’époque a déclaré Cyrus Vance ce mercredi 17 novembre.

« Ces hommes n’ont pas eu droit à la justice qu’ils méritaient. » Cinquante-six ans après la mort de Malcolm X, deux hommes condamnés pour son assassinat vont être innocentés, a annoncé mercredi 17 novembre 2021 le bureau du procureur de Manhattan, Cyrus Vance.

Le magistrat a révélé l’information dans le New York Times. Son bureau a confirmé l’ « annulation des condamnations injustifiées de deux personnes pour le meurtre de Malcolm X » lors d’une conférence de presse le jeudi 19 novembre 2021.

Les deux hommes étaient membres à l’époque de « Nation of Islam », le mouvement dont Malcolm X était une figure et qu’il venait de quitter sur fond de tensions de plus en plus fortes. Ils avaient été condamnés avec un troisième militant, Thomas Hagan, qui avait reconnu sa participation à l’assassinat.

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 « Les procureurs ont dissimulé des preuves cruciales »

Selon le New York Times, il s’agit de Muhammad A. Aziz, 83 ans, sorti de prison en 1985, et de Khalil Islam, libéré après avoir purgé sa peine en 1987 et mort en 2009. Toujours d’après le quotidien new-yorkais, « l’enquête de 22 mois conduite de manière conjointe par le bureau du procureur et les avocats des deux hommes révèle que les procureurs », le FBI et la police de New York (NYPD) « ont dissimulé des preuves cruciales qui, si elles avaient été connues, auraient probablement conduit à l’acquittement des deux hommes ».

Malcolm X était tombé, le 21 février 1965 sous les balles de plusieurs tireurs lors d’un discours à l’Audubon Ballroom, une salle de spectacle de Harlem.

Son meurtre avait secoué les Etats-Unis, symbolisant les tensions politiques et sociales du pays dans les années 1960, également marquées par l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963 et celui d’une autre figure de la défense des droits civiques, Martin Luther King, en 1968.

Dans le détail, le quotidien fait état d’« un grand nombre de documents du FBI impliquant d’autres suspects » et « des notes des procureurs montrant qu’ils ont omis de divulguer la présence d’agents infiltrés dans la salle au moment de la fusillade ». Toujours selon le New York Times, un témoin toujours vivant a aussi confirmé aux enquêteurs l’alibi de Muhammad Aziz, qui assurait être chez lui au moment du meurtre.

« Reconnaître la gravité de cette erreur »

En février 2020, après la diffusion d’un documentaire sur Netflix, intitulé Who Killed Malcolm X ? (« Qui a tué Malcom X ? »), M. Vance avait demandé à ses équipes un réexamen du dossier. « Ce que nous pouvons faire, c’est reconnaître cette erreur, la gravité de cette erreur », a-t-il ajouté.

Ce rebondissement judiciaire risque de renforcer la thèse du trouble rôle joué par le FBI et la police de New York à l’époque. En février 2021, une lettre posthume et accusatrice d’un policier avait été dévoilée et les filles de Malcolm X avaient déjà demandé la réouverture de l’enquête. Le policier affirmait s’être rapproché, à la demande de sa hiérarchie, de l’entourage de Malcolm X et avoir piégé deux de ses gardes du corps, arrêtés quelques jours seulement avant l’assassinat, pour affaiblir la sécurité autour du leader noir.

V.A.