Paris et Bangui s’interpellent au sujet de Wagner

Afriquinfos Editeur
3 Min de Lecture

Bangui (© 2021 Afriquinfos) Rien ne va plus entre Paris en Bangui. Au cœur de la brouille entre les deux capitales, le groupe privé russe Wagner. A la sortie du Ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian qui accusait les mercenaires russes de se substituer à l’autorité de l’Etat en Centrafrique, la Cheffe de la diplomatie centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon a dénoncé des propos inacceptables et mensongers.

On peut officiellement dire qu’il y a une crise diplomatique entre Paris et Bangui. La passe d’armes la semaine dernière entre leurs deux ministres des affaires étrangères en est une illustration. C’est d’abord Jean-Yves le Drian qui a lancé la première salve. Cherchant visiblement à mettre en garde les autorités maliennes sur leur rapprochement avec la société de sécurité privée russe Wagner, le Chef de la Diplomatie française a déclaré sur un média de l’Hexagone : « Lorsqu’ils pénètrent dans un pays, ils multiplient les violations, les exactions, les prédations pour se substituer parfois même à l’autorité du pays. L’exemple le plus spectaculaire c’est la République centrafricaine où finalement, pour pouvoir se payer, ils confisquent la capacité fiscale de l’État ».  Une déclaration qui a été très peu apprécié par les autorités centrafricaines.

C’est Sylvie Baïpo-Temon, cheffe de la diplomatie centrafricaine qui a répondu à son homologue français : « Il n’y a aucun accaparement du pouvoir par les instructeurs russes. Mon homologue parle de mercenaires. J’aimerais qu’il nous apporte la preuve de ce qu’il avance », a affirmé la ministre. « Il y a une volonté de la part de mon homologue d’infantiliser la République centrafricaine », estime Sylvie Baïpo-Temon. Elle n’a pas manqué de rappeler que la Centrafrique « est en droit de pouvoir faire appel à des partenaires »justifiant cette présence russe car « les autres pays amis n’ont pas répondu à l’appel à l’aide de la République centrafricaine, notamment lors de la prise de pouvoir du président Touadéra en mars 2016 ».

Sylvie Baïpo-Temon a également répondu aux accusations d’exactions portées par Paris contre les mercenaires russes. « Une guerre est une guerre. Il y a forcément des dégâts collatéraux » a déclaré la Ministre. Et d’ajouter que : « depuis des dizaines d’années, la République centrafricaine fait face à de nombreux conflits, à de nombreuses exactions sur son territoire. Toutes les troupes venues lui apporter de l’aide ont commis des exactions. Je rappelle que les troupes sangaristes ont commis des actes de violations sur des mineurs. Nous attendons toujours des réponses sur cela », a indiqué la Cheffe de la diplomatie centrafricaine qui regrette que la République centrafricaine soit la victime d’une « guerre informationnelle entre deux puissances ». « Cette guerre de désinformation doit cesser », a-t-elle affirmé.

- Advertisement -

Boniface T.