RSF s’inquiète pour la liberté de la presse au Sahel

Afriquinfos Editeur
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Bamako (© 2023 Afriquinfos)- Cinq journalistes ont été tués au Sahel en l’espace de 10 ans, tandis que deux autres ont été récemment portés disparus. Des centaines d’autres ont été menacés et ne peuvent plus exercer leur profession sans risquer leur vie.  C’est ce que révèle le dernier rapport de  Reporters Sans Frontières (RSF).

Intitulé ‘’Dans la peau d’un journaliste au Sahel’’, le document révèle à quel point les conditions d’exercice du journalisme se sont détériorées dans cette partie du monde, et comment celle-ci est en train de devenir une “zone de non-information”.

’Être dans la peau d’un journaliste au Sahel signifie devoir faire face à des bandes armées radicales de plus en plus présentes qui n’hésitent pas à assassiner des journalistes quand elles ne les enlèvent pas pour s’en servir de monnaie d’échange. Dans ce contexte sécuritaire dégradé, il faut aussi savoir composer avec de nouveaux pouvoirs installés à la faveur de coups d’Etat et qui imposent à la profession leur conception du journalisme et leurs “injonctions patriotiques”. ‘’Il faut encore apprendre à évoluer avec la milice de Wagner, qui exerce une influence de plus en plus palpable sur le marché de l’information régionale, mais aussi déjouer les pièges des mercenaires de la désinformation’’, mentionne le document.

Selon la même source, au Sahel, les dangers sont désormais multiples, tout comme les entraves imposées par les États qui limitent souvent de façon arbitraire la liberté de circulation et le droit d’informer des journalistes, notamment dans les régions où sont déployés les groupes armés.

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Le rapport décrit les nouveaux ennemis des journalistes locaux et de la presse étrangère, puis interroge les moyens de relever le défi d’informer en rappelant des initiatives de résilience et préconisant un certain nombre de recommandations.

Pour éviter que le Sahel ne devienne une zone de non-information, ce rapport lance ‘’aussi un appel aux Etats de la région. Un sursaut est absolument nécessaire pour ne pas priver 110 millions de Sahéliens de leur droit élémentaire à être informés’’.

RSF rappelle aux pays du Sahel que la gestion complexe des attaques terroristes et la riposte des armées régulières ne sauraient être un motif pour violer le droit à l’information et la liberté de la presse et recommande également à la Cedeao et à la Cemac d’élaborer un code de conduite sous-régional pour la sécurité des journalistes en zone de conflits et de reconnaître la norme de certification JTI dans l’espace communautaire comme standard pour la promotion des informations fiables.

Parmi les journalistes tués au Sahel, figurent : Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI (2013), Obed Nangbatna de la chaîne nationale Télé Tchad au Tchad en 2019, David Beriain et son cameraman Roberto Fraile en 2021.

Ce rapport est diffusé deux semaines après la libération du journaliste français Olivier Dubois, enlevé à Gao le 8 avril 2021 par un groupe armé affilié à Al-Qaïda. Ce dernier a retrouvé la liberté après 711 jours de captivité, le 20 mars 2023. Mais deux autres journalistes maliens, Hamadoun Nialibouly et Moussa M’Bana Dicko, également enlevés par des groupes armés au Mali, sont à ce jour toujours portés disparus.

Vignikpo Akpéné