Afrique de l’ouest: Une importante saisie d’Interpol et de l’ONUDC affaiblit les filières terroristes et criminelles

Afriquinfos Editeur
7 Min de Lecture

New York (© 2020 Afriquinfos)- Des armes à feu, des munitions et des explosifs illicites ont été saisis, grâce à  une opération dénommée ‘KAFOII’ menée par Interpol et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). La saisie en question, a permis de perturber les réseaux de trafic utilisés pour approvisionner les terroristes en Afrique de l’Ouest et au Sahel. 

Lancée du 30 novembre au 6 décembre 2020, l’opération menée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger, a intercepté des armes à feu, des munitions et des explosifs illicites et désorganisé les réseaux de trafic qui approvisionnaient des terroristes en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel.

Des agents de première ligne ont effectué des vérifications en des lieux propices aux trafics : aéroports, ports maritimes et frontières terrestres. Plus de 40.000 bâtons de dynamite ont été saisis en divers endroits. Ces matériels étaient destinés à l’exploitation minière illégale de l’or qui constitue une nouvelle source de financement pour des criminels en Afrique. L’opération a mobilisé 260 agents de nombreux services chargés de l’application de la loi.

La formation pré-opérationnelle dispensée conjointement par INTERPOL et l’ONUDC a permis aux fonctionnaires concernés d’acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation optimale des outils et bases de données d’INTERPOL.

- Advertisement -

Les millions d’enregistrements correspondant à des armes à feu perdues, volées, faisant l’objet d’un trafic ou de contrebandes contenues dans le Système INTERPOL de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes (iARMS) ont été essentiels à l’opération.

Des agents de première ligne ont ciblé des plaques tournantes de la contrebande dans des aéroports et des ports maritimes ainsi qu’à des frontières terrestres au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger.

Ces agents ont effectué des vérifications concernant plus de 12.000 personnes, des véhicules, des conteneurs et des marchandises dans les bases de données criminelles internationales, et également procédé à des fouilles, afin de déterminer si les suspects utilisaient des documents de voyage volés, étaient connus de la police dans l’un des 194 pays membres d’INTERPOL. Ou encore se déplaçaient à bord d’un véhicule volé.

Fruits concrets de l’opération concertée 

Outre l’arrestation de plusieurs terroristes présumés, cette opération a permis de saisir des armes à feu ainsi que des marchandises illicites de divers types, à savoir :  50 armes à feu, 40.593 bâtons de dynamite, 28 cordeaux détonants,   6.162 cartouches, 1.473 kilos de stupéfiants (cannabis et khat), 2.263 cartons de médicaments de contrebande, 60.000 litres de carburant de contrebande.

«Le trafic d’armes à feu est une activité lucrative qui alimente et finance d’autres formes de grande criminalité», a déclaré Jürgen Stock, Secrétaire Général d’INTERPOL. «L’opération KAFO II montre la nécessité de faire le lien entre les affaires impliquant des armes à feu et des terroristes dans différents pays», souligne encore INTERPOL.

L’opération a mobilisé 260 fonctionnaires de la police, de la gendarmerie, des commissions nationales de contrôle des armes légères et de petit calibre, des services douaniers et anti-trafics aéroportuaires, des services de contrôle aux frontières et du ministère public des quatre pays sus-mentionnés.

«La lutte contre le trafic d’armes à feu illicites exige une étroite coopération internationale et inter-institutions si l’on veut pouvoir identifier l’origine de ces armes et traduire les trafiquants en justice», rappelle Ghada Waly, Directrice exécutive de l’ONUDC. «Après la phase opérationnelle de KAFO II, il est important que l’ONUDC et INTERPOL poursuivent leur collaboration et prêtent leurs concours dans les enquêtes et affaires en cours», exhorte cette responsable onusienne.

De nouvelles tendances en matière de financement du terrorisme 

 L’opération KAFO II avait également pour objectif de perturber la circulation d’autres types de marchandises illicites utilisées pour financer les activités criminelles et terroristes dans la région.

Parmi les nouvelles tendances observées au cours de cette opération KAFO figure la saisie d’importantes quantités d’essence de contrebande au Niger et au Mali. On pense que le carburant provenait du Nigéria et qu’il avait été importé illégalement dans le but de financer et d’approvisionner Al-Qaida et ses alliés. Les agents des services chargés de l’application de la loi ont également saisi de grandes quantités de gel désinfectant pour les mains, de gants et de médicaments de contrebande, dont le marché est florissant.

Ces fonctionnaires ont été formés à l’utilisation du Système INTERPOL de gestion des données sur les armes illicites et du traçage des armes (iARMS), afin d’être en mesure de repérer et d’identifier des armes à feu illicites et d’en déterminer l’origine. Au cours de l’année écoulée, iARMS a ainsi permis d’identifier plusieurs centaines d’armes à feu retrouvées dans les quatre pays concernés par l’opération, et de remonter jusqu’à leur pays de fabrication ou de dernière importation légale connue, afin de reconstituer l’historique de leurs propriétaires successifs et de leurs mouvements. En recueillant ces renseignements criminels dans le cadre d’enquêtes en amont de l’opération, les pays participants ont pu mieux cibler les suspects, les réseaux et les plaques tournantes du trafic d’armes à feu.

Des enquêtes sont en cours suite aux saisies réalisées, raison pour laquelle il est essentiel de retracer l’historique et d’identifier les propriétaires successifs de toutes les armes à feu illicites retrouvées de manière à pouvoir constituer un dossier solide en vue de poursuites pénales.

 V.A.