Gambie: Ousainou Darboe en liberté, mais sans acrimonie publique contre Yahya Jammeh !

Afriquinfos
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Banjul (Afriquinfos, 2016) – Condamné  pour avoir participé à une manifestation non autorisée sous l’ère Yahya Jammeh,  Ousainou Darboe a été libéré ce 5 décembre. C’est un Tribunal gambien qui a ordonné la libération du chef de l’opposition et de ses coaccusés trois jours après l’élection d’Adama Barrow.

«Les demandeurs se voient accorder la liberté sous caution», a annoncé le juge en charge de l’affaire. Il a précisé que c’est une libération provisoire en attendant le jugement en appel. Mais la nouvelle a de quoi réjouir les Gambiens qui lisent déjà dans cette décision de justice, les premiers signes de décrispation de la vie socio-politique et l’amorce vers une Gambie démocratique, et qui a rompu avec le régime de l’ex-chef d’Etat.

«Cette décision de justice est une preuve du processus démocratique qui a commencé en Gambie», a commenté Me Atoumane Gaye, l’un des avocats de la défense. Selon ce dernier, cela augure une ère nouvelle d’indépendance de la justice gambienne qui pendant 22 ans était assujettie aux humeurs de Yahya Jammeh.

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«Je pense qu’il a apporté sa pierre à la construction de la Gambie (…). Je le respecte en tant que Président de ce pays et je ne le prendrai jamais pour un malade mental ou un malfaisant», a déclaré Ousaine Darboe quelques heures après l’annonce de sa libération, en parlant de Yahya Jammeh. Visiblement, le chef du Parti démocratique uni (UDP) est sans rancune envers son «bourreau».

Renouveau irrémédiablement en branle

«La libération sous caution d’Ousainou Darboe et de 18 autres manifestants pacifiques est un grand moment pour eux, ainsi que pour leurs familles. Nous espérons que cette avancée positive est le signe qu’en temps voulu, ils seront acquittés de toutes les charges», a félicité Sabrina Mahtani, chercheuse d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest anglophone. «Nous ne devons pas oublier les autres prisonniers d’opinion qui croupissent encore en prison uniquement, pour avoir exprimé leur opinion ou participé à des manifestations pacifiques. Parmi eux, trois imams qui ont été arrêtés par les forces de sécurité il y a plus d’un an et que plus personne n’a revu depuis. Leur crime: avoir soumis une pétition au Gouvernement», a-t-elle ajouté.

«Je félicite le Président Jammeh pour avoir respecté les résultats et pour avoir accepté de transférer pacifiquement le pouvoir au président élu», s’est également félicité John Kerry le secrétaire d’Etat américain,  dans un communiqué. Même son cloche au niveau de l’ONG Human rights watch (HRW). A travers un communiqué, l’association de défense des droits de l’Homme a salué les nouvelles autorités gambiennes.

Selon HRW, c’est «un premier pas important pour montrer un plus grand respect de l’Etat de droit et mettre fin au piétinement des droits de l’opposition politique». Ousainou Darboe et ses co-accusés avaient été arrêtés pour avoir participé à une manifestation contre la mort en détention de Solo Sandeng, un dirigeant de l’UDP. Il avait arrêté lors d’un rassemblement  pour réclamer des réformes politiques en Gambie.

Anani  GALLEY