Que sait-on de Paul Biya, le plus vieux des dirigeants africains

Afriquinfos
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Yaoundé (© 2018 Afriquinfos)- Au Cameroun, le président Paul Biya vient d’annoncer sa candidature à un 7e mandat à la tête du pays qu’il gouverne presque seul.

Au pouvoir depuis 1982, M. Biya a verrouillé l’accès aux postes et institutions clés, jusqu’à la récente création du Conseil constitutionnel composé de onze membres, en large majorité issus du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). C’est ce Conseil qui validera les résultats de la présidentielle du 7 octobre.

Ses opposants, dont Joshua Osih, candidat déjà déclaré du Social Democratic Front (SDF, anglophone, principal parti d’opposition) l’accusent d’être responsable du « chaos » dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Les combats sont devenus presque quotidiens entre l’armée et les séparatistes armés de ces régions où les exactions commises de part et d’autre ont entraîné le déplacement de près de 200.000 personnes fuyant les violences.

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Pourtant, en dépit de ce contexte délicat, qui aurait pu être fatal à d’autres, Paul Biya réussit à se maintenir au pouvoir sans être véritablement inquiété.

‘’Diviser pour mieux régner’’

D’après le chercheur camerounais Stéphane Akoa « M. Biya a mis en pratique l’adage diviser pour mieux régner+ et rester ainsi au sommet d’un système sans que puissent s’organiser – et encore moins se coaliser- les forces qui auraient pu lui disputer son pouvoir ».

Au prochain scrutin présidentiel, le plus vieux des chefs d’Eta au pouvoir aura face à lui plusieurs candidats d’opposition qui ne sont pas parvenus à s’entendre sur une candidature unique, plus susceptible d’ébranler celui-ci.

, Biya a « mis en place un dispositif autour de lui, qui fait que le système, c’est lui », note un observateur.

Il garde de fait un large contrôle sur son pays en dépit des critiques sur ses absences répétées de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, passés principalement en Suisse.

Des absences qui ont laissé planer au fil des ans des questions sur son état de santé. Fin janvier encore, des rumeurs ont couru, vite démontées par une apparition à la télévision d’Etat.

Paul Biya aime garder le secret autour de lui et de son agenda politique, laissant à ses ministres le soin de communiquer. Si de l’avis de tous, il a le sens de la formule, ses apparitions sont aussi rares que scrutées.

Lors de la dernière en février, l’ancien séminariste catholique et étudiant à Sciences Po à Paris dressait en février un bilan flatteur de sa gouvernance: le groupe jihadiste Boko Haram a une capacité de nuisance « considérablement réduite » dans le nord, et la situation de crise en régions anglophones « s’est apaisée ».

Père de trois enfants, Paul Biya a épousé en 1994 Chantal, cette ancienne serveuse de restaurant et mannequin qui s’occupe aujourd’hui d’œuvres humanitaires, de près de 40 ans plus jeune que lui, avec qui il a eu deux enfants, Junior et Brenda Biya, admis à l’Ecole nationale de la magistrature (Enam) de Yaoundé.

Mais Paul Biya avait déjà un autre fils, Franck, un homme d’affaires discret qui a notamment des intérêts dans le secteur du bois.

Innocente Nice