Le Burundi célèbre son 49ème anniversaire de l’indépendance

Afriquinfos Editeur
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L'indépendance du Burundi a été acquise dans la précipitation comme la plupart des autres pays africains qui avaient des partis progressistes comme le parti Union pour le Progrès National (UPRONA) du Prince Louis Rwagasore. Face à lui, il y avait le Front Commun qui regroupait les partis burundais d'obédience belge qui était contre l'indépendance immédiate.

Le 27 janvier 1961, les Belges ont supervisé les élections communales au Burundi où participaient le parti UPRONA et le Front commun, élections qui ont été remportées par le Front commun sous l'influence du pays colonisateur, la Belgique.

Le 18 septembre 1961, c'était le tour des élections législatives supervisées par les Nations Unies et remportées par le parti UPRONA, qui a conduit le pays à l'indépendance, proclamée le 1er juillet 1962.

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Le père de l'indépendance, assassiné le 13 octobre 1961, n'a pas pu voir l'indépendance du pays. Cet assassinat sera suivi plus tard par d'autres événements sanglants en 1965, en 1972 et en 1993.

Le discours prononcé lors de la victoire de son parti dans les législatives a rendu le Prince Louis Rwagasore immortel. Selon le professeur analyste des discours politiques, Gertrude Kazoviyo, " ce discours traverse tous les temps".

Le discours "était inspiré de ce que nous vivons" et "est considéré comme de la nourriture et devrait être diffusé chaque jour comme on mange chaque jour", a-t-il estimé.

Le discours tranquillisait les perdants et les gagnants de ces élections et fustigeait les malfaiteurs qui rêvaient de perturber son programme. Il fustigeait aussi les prédateurs des deniers publics, les auteurs des violations des droits de l'homme et mettait en avant les valeurs d'humanisme, de patriotisme et de leadership.

49 ans après, plusieurs Burundais regrettent la mauvaise gestion du contenu du discours de Rwagasore qui est pourtant cité en référence par les plus hautes autorités du pays dans plusieurs circonstances.

A la veille du 50ème anniversaire de l'indépendance, le parti de l'indépendance revient sur ce discours et invite les autorités à s'asseoir ensemble pour lever toutes les imperfections observées.

"Je crois que son discours devrait interpeller tous les Burundais pour qu'ils puissent dénoncer toute forme de malversations, de tueries et de menaces ; il faut que les responsables à commencer par le Président de la République puissent s'asseoir ensemble pour dire qu'on en a marre avec ces gens qui volent et incitent à la violence surtout qu'on est à la veille du 50ème anniversaire de l'indépendance. Comme ça, nous serons en train de préparer l'avenir de notre descendance", a déclaré  Bonaventure Niyoyankana, président du parti UPRONA, un parti qui risque d'éclater en deux ailes aujourd'hui, une aile de ceux qui sont dans les institutions et une autre qui est contre les institutions actuelles du pays.

Les violences sont signalées dans certains coins du pays, notamment dans la province de Bujumbura rurale, dans Bubanza à l'ouest du pays et dans les provinces de Ruyigi et Cankuzo à l'est du pays.

La ligue des droits de l'homme Iteka estime que 200 personnes ont été tuées au cours de ces deux derniers mois.

Dans la province de Bujumbura rurale, des populations souffrent d'une paupérisation extrême due à une longue période de guerre et d'une insécurité qui est en train d'être gagnée à 95%.

Dans son discours à la nation à l'occasion de ce 49ème anniversaire, le président Pierre Nkurunziza a promis à la population de cette province qu'après les deux mois de mai et de juin de pacification, il va consacrer trois ans dans cette province pour le développement.

"Nous allons désormais consacrer les trois prochaines années au développement communautaire de Bujumbura, car ce dernier est intimement lié à la consolidation de la sécurité", a déclaré le président Nkurunziza qui "regrette fort le fait qu'il y a encore des gens qui, dans leurs propos, font l'apologie de l'insécurité dans Bujumbura".

Le président du parti FRODEBU et en même temps président de l'ADC-Ikibiri qui rassemble les partis d'opposition, Léonce Ngendakumana, a bien accueilli cette proposition du chef de l'Etat et a promis à son tour d'être à ses côtés, ce qu'il n'a pas fait pendant les deux mois de pacification, avançant toujours comme argument que cette campagne n'était qu'un trompe l'oeil.

Léonce Ngendakumana déplore que plus de 50% du budget de l'Etat provient de l'extérieur et que plus de 90% des moyens pour organiser les élections proviennent également de l'étranger.

Pour réduire cette dépendance des bailleurs de fonds, le chef de l'Etat burundais a invité les Burundais à s'impliquer fortement dans ce qu'il appelle les travaux communautaires au cours desquels la population construit des écoles, des centres de santé, des hôpitaux, des routes, des terrains de jeux et des universités.    

"Nous lançons un appel à tout le monde pour une forte implication dans les travaux communautaires afin de ne pas tendre la main à l'extérieur, car certains pays amis du Burundi traversent aujourd'hui une crise économique qui pousse leurs ressortissants à demander à leurs gouvernements respectifs d' arrêter les aides à destination des pays pauvres afin de faire face aux défis économiques induits à la crise économique mondiale qui ne fait qu'empirer le chômage", a déclaré le président Nkurunziza dans son discours à la nation.