Angola: première manifestation politique contre le président

Afriquinfos
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Luanda (© Afriquinfos 2017)- Des dizaines de personnes ont manifesté samedi à Luanda contre l’amnistie prévue dans une loi sur le rapatriement de capitaux depuis l’étranger, lors du premier rassemblement politique autorisé contre le nouveau président Joao Lourenço, a constaté un journaliste de l’AFP.

Joao Lourenço a succédé en septembre à José Eduardo dos Santos, qui a largement muselé l’opposition pendant son règne de trente-huit ans.

Il est aussi issu du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis l’indépendance de l’Angola en 1975. Mais depuis son accession à la présidence, il s’est démarqué de son prédécesseur en congédiant de nombreux barons de l’ancien régime.

Samedi, la police a laissé plusieurs dizaines de personnes protester contre le nouvel homme fort du pays, dans le centre de Luanda, une situation inconcevable sous M. dos Santos.

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Certains manifestants brandissaient un portrait de Joao Lourenço barré avec de la peinture rouge.

Ils protestaient contre la loi adoptée fin février par le parlement qui accorde une amnistie à toute personne rapatriant de l’étranger plus de 100.000 dollars.

Pendant les six premiers mois, « il n’y aura pas besoin de justifier de l’origine des fonds », qui ne seront pas imposables, selon le président.

Pour les manifestants, cette loi vise à « protéger les bandits ». « Restituez notre argent volé », « le voleur ne peut pas être le patron », ont-ils scandé samedi.

L’amnistie va bénéficier à « des personnes qui ont acquis illégalement des richesses », s’est indigné un des manifestants, Fernando Macedo, professeur d’université.

« Cela n’a pas de sens que de l’argent rentre au pays dans les mains des personnes qui l’ont volée », a estimé le dessinateur Sergio Piçara.

Le nouveau président a promis de relancer l’économie du deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, frappée de plein fouet par la chute des cours du brut, de très loin sa principale ressource.

« L’existence de ressources financières à l’étranger ne représente aucun avantage pour l’économie nationale, et ce capital peut être transformé en une source complémentaire de financement pour le développement socio-économique du pays », a récemment déclaré le ministre des Finances, Archer Mangueira, pour justifier la loi sur le rapatriement des capitaux.

Samedi, la police a interdit aux manifestants l’accès à la Place de l’Indépendance dans le centre-ville de Luanda, où ils comptaient initialement se réunir.

« Ils doivent rester à 150 mètres de la place pour respect vis-à-vis de la statue du premier président angolais Agostinho Neto », a expliqué la police.

Vignikpo Akpéné