Le Niger ne souhaite toujours pas rouvrir ses frontières terrestres avec le Bénin, suscitant l’incompréhension de P. Talon

Afriquinfos Editeur
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Truck drivers walk as trucks carrying food, humanitarian aid and industrial equipment wait due to sanctions imposed by Niger's regional and international allies, in the border town of Malanville, Benin August 18, 2023. REUTERS/Coffi Seraphin Zounyekpe

Le Président béninois Patrice Talon a exprimé jeudi 30 mai 2024 son incompréhension face au maintien de la fermeture de la frontière côté Niger, qui entrave les échanges commerciaux entre les deux pays, et en particulier l’exportation du pétrole nigérien via le littoral béninois.

Le Président Patrice Talon prête serment durant sa cérémonie d’investiture, le 23 mai 2021 à Porto-Novo, au Bénin.

« Il faut que les autorités nigériennes annoncent officiellement que la fermeture de leurs frontières terrestres fait exception au pétrole », a spécifié Patrice Talon, lors d’une conférence de presse. « Une telle clarification serait susceptible de permettre un traitement juridique différencié du pétrole venant du Niger. A défaut de ce minimum, toutes formalités douanières de transit du pétrole restent légalement impossible entre le Bénin et le Niger », a ajouté le Président béninois.

Les autorités nigériennes ont inauguré en novembre 2023 un oléoduc géant qui permet l’acheminement jusqu’au Bénin voisin du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem (sud-est) par la China National Petroleum Corporation (CNPC), une société pétrolière appartenant à l’Etat chinois.

Avec ce projet, le Niger entend porter sa production pétrolière à 110.000 barils par jour, dont 90.000 barils doivent être exportés via le port de Sèmè-Kpodji. Mais le premier chargement de pétrole nigérien au port n’a eu lieu que le 19 mai dernier, en raison des sanctions imposées à Niamey par l’organisation ouest-africaine Cedeao, à la suite du coup d’État qui a renversé le Président Mohamed Bazoum en juillet 2023. Les propos de Patrice Talon font suite à la prise de parole du ministre béninois des Mines mercredi 29 mai 2024, Samou Seïdou Adambi qui s’est rendu à Niamey à la demande de la société chinoise Wapco, partenaire du Bénin et du Niger pour la gestion de l’oléoduc.

Samou Seïdou Adambi était en déplacement afin de trouver « une porte de sortie » pour le chargement du pétrole nigérien au port de Sèmè-Kpodji, mais également était « porteur d’un message » de Patrice Talon au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis juillet 2023. Ce dernier « n’a pas voulu (le) recevoir », a déclaré le ministre mercredi 29 mai, dans la soirée, lors d’un point presse à Cotonou. Selon Patrice Talon, le Niger « n’a apporté aucune réponse » aux préoccupations du Bénin.

« Je veux réaffirmer que le Bénin reste disponible à accorder toutes les facilités à la société Wapco pour l’acheminement effectif desdits équipements pour le Niger », a déclaré le Président béninois. « Pour des raisons de sécurité, notre frontière reste encore fermée », a indiqué le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine, en marge des Assemblées annuelles de la BAD (Banque africaine de développement) à Nairobi, au Kenya.

Selon lui, le Bénin a « accueilli des soldats étrangers sur » son « territoire », des militaires qu’il soupçonne de donner une « formation » à des « terroristes ». Mi-mai 2024, il avait déclaré que le Bénin abritait des bases françaises: « Sur certaines d’entre elles, on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays », avait-il dit. Or, selon le chef d’Etat-major des Armées françaises, le général Thierry Burkhard, cité par le site du Gouvernement béninois lors d’une visite en décembre 2023, « il n’y a pas de base militaire française au Bénin ». « Nous sommes des frères, nous sommes des voisins. Mais nous avons un souci avec la hiérarchie, qui devrait prendre ses responsabilités » et « nous dire ce qu’ils veulent qu’on fasse », a ajouté M. Zeine. « Le Niger n’a jamais provoqué une crise », selon ses mots.

Le Président béninois Patrice Talon, le 27 juillet 2022 à Cotonou.

© Afriquinfos & Agence France-Presse

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