L’addition presque précise du coût du retrait forcé des soldats français du Niger fin 2023

Afriquinfos Editeur
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Paris  (© 2024 Afriquinfos)- Entre le 10 octobre et le 22 décembre 2023, sur injonction des autorités militaires nigériennes, les forces françaises ont définitivement quitté le Niger. Un retrait qui s’est fait par voie terrestre, aérienne et maritime et qui a vu 1.500 hommes et des centaines de tonnes d’équipements convoyés vers le Tchad et la France. Interpellé à l’Assemblée nationale française, le ministère français des Armées a levé un coin de voile sur le coût de ces opérations.

« Les troupes basées à Ouallam (ouest) ont quitté aujourd’hui leur base. Il s’agit des opérations pour le départ du premier convoi terrestre en direction du Tchad sous escortes de nos Forces de défense et de sécurité. Outre ce départ par voie terrestre, « trois vols spéciaux » ont été enregistrés à l’aéroport de Niamey, deux pour le départ de « 97 éléments des forces spéciales » et un « consacré à la logistique », pouvait-on entendre dans un communiqué lu mardi le 10 octobre 2024 à la Télévision nationale nigérienne.

Quelques mois plus tard, on a une idée précise sur le déroulé de ces opérations, les équipements convoyés et leur coût, selon des précisions apportées par le ministère français des Armées. On apprend ainsi que le fret désengagé des quatre bases françaises représente 1929 conteneurs, 600 véhicules et 22 aéronefs, pour une valeur de plus de 820 millions d’euros. Ce sont près de 1.500 personnes qui ont été désengagées en 2 mois, par la route ou par vols d’A400M. La moitié a transité par le Tchad avant de gagner la métropole.

Les chiffres révélés par le Gouvernement  français font état de 80 millions d’euros au titre des coûts directs du désengagement. Ceux-ci se répartissent comme suit: le transport effectué à 65% par voie aérienne, 32% par voie routière et 3% par voie maritime, qui a coûté 70 millions d’euros, les indemnités T2 dites « OPEX » (0,6 millions d’euros) et diverses dépenses concernant les zones de stockage, contrats d’externalisation, taxes aéroportuaires, qui ont nécessité 10 millions d’euros.

L’Armée française informe également que des équipements ont été laissés sur place représentant une valeur de 12 millions d’euros. Il s’agit d’infrastructures non démontables ou vétustes dont la valeur résiduelle est inférieure au coût de démontage et de transport, notamment 500 bungalows et trois réservoirs de carburant aérien modulaires (3,4 millions d’euros), d’infrastructures type «structures métallo-textiles» trop complexes à démonter (environ 5 millions d’euros) cédés après démontage de leur matériel d’environnement (climatisation, système électriques, etc.). Et enfin de divers petits matériels de vie en campagne (tentes, bureaux, etc.).

Les relations entre Niamey et Paris se sont détériorées après le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Les militaires au pouvoir à Niamey ont dès les premières heures de leur putsch, exigé le départ des troupes françaises et se sont entre-temps, rapprochés de la Russie. Certaines des bases évacuées par les soldats français sont désormais occupées par des paramilitaires de l’Africa Corps (né du démantèlement du groupe Wagner), indiquent de nombreuses sources.  

S. B.

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