Affaire Meng Wanzhou : sortir par le haut d’une guerre commerciale qui n’a que trop duré

Afriquinfos Editeur
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Meng Wanzhou

PARIS (© 2020 Afriquinfos)- Dans le cadre de la bataille juridique opposant les avocats de la directrice financière de Huawei à l’État canadien, la publication des documents officiels ne peut pas être censurée, expliquent ses avocats.

Meng Wanzhou a été arrêtée en décembre 2018 à l’aéroport international de Vancouver sur la base d’un mandat américain l’accusant de fraude bancaire pour avoir prétendument trompé HSBC sur les transactions commerciales de Huawei en Iran, allégations que cette dernière a toujours réfutées. Elle s’est déclarée innocente et lutte toujours aujourd’hui contre son extradition vers les États-Unis.

Alors que les avocats de Meng Wanzhou ont exigé la publication de documents des services secrets prouvant d’après eux que ses droits ont été violés lors de son arrestation, une audience sur cette question a débuté lundi 17 août.

Lors de l’audience, les avocats de Meng Wanzhou ont suggéré que les documents concernant son arrestation pourraient être censurés à des fins « stratégiques », c’est-à-dire pour dissimuler des « fautes » liées à l’arrestation de 2018 – que ses avocats soutiennent être un abus de procédure. D’après eux, les agents canadiens de la police des frontières ont illégalement détenu Meng Wanzhou pendant trois heures, l’ont interrogée et ont saisi des preuves, dont ses appareils électroniques, au nom du Bureau fédéral d’enquête américain.

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Ses avocats affirment également que Meng Wanzhou est victime d’une stratégie politique, citant l’affirmation du président américain Donald Trump selon laquelle il pourrait intervenir dans l’affaire si cela aidait les intérêts économiques américains. Lors de l’audience, les avocats du gouvernement canadien ont affirmé avoir publié autant d’informations que possible sur l’arrestation de la directrice financière de Huawei. Pourtant, les avocats de Meng Wanzhou ont fait pression pour la publication de plus de documents pour soutenir leur affirmation selon laquelle les autorités canadiennes et américaines ont commis des abus de procédure lors de l’interrogatoire précédant l’arrestation de la citoyenne chinoise.

« Nous voyons une vague d’e-mails autour du sujet », a déclaré Scott Fenton, un avocat de Meng Wanzhou. Pour lui, c’est à l’audience à huis clos de déterminer de quoi il s’agit réellement, d’où la nécessité de diffuser plus largement ces documents. Sa défense a identifié comme pertinents environ 93.000 documents, actuellement aux mains du gouvernement canadien, pour faire valoir l’innocence de Meng Wanzhou. Un avocat de la Couronne a déclaré aux fonctionnaires du tribunal avoir passé des centaines d’heures à réduire ce nombre à 387 documents.

Cet épisode judiciaire vient renforcer les tensions déjà existantes entre la Chine et les États-Unis. Si cette situation semble ne pas concerner le continent africain de prime abord, il faut pourtant s’en alerter alors que le monde est soumis aujourd’hui à une instabilité croissante préoccupante en raison de la pandémie de la Covid-19. Dans de nombreux pays africains justement, la pandémie s’accélère, et le nombre de cas confirmés de la COVID-19 monte désormais à près de 1,13 million sur le continent.

L’Afrique devait connaître une croissance économique exceptionnelle en 2020, mais la pandémie ne permettra pas de retrouver des chiffres comparables avant quelques années. Si la bataille commerciale américano-chinoise se poursuit, les dommages collatéraux qu’elle provoquera pourront finir par toucher le continent africain.

Il est ainsi dans l’intérêt de la Chine, des États-Unis et du Canada, mais également de l’Afrique et du monde entier, de trouver une issue acceptable et équilibrée à cette affaire judiciaire, et de sortir par le haut d’une guerre commerciale qui n’a que trop duré.

 

E. G.