Les garde-côtes libyens interceptent des migrants secourus par une ONG

Afriquinfos
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Tripoli (© Afriquinfos 2017)-L’équipage du navire de secours aux migrants de l’ONG Sea Watch au large de la Libye a frôlé la mort ce mercredi 10 mai. Il venait d’aborder une embarcation de migrants en détresse, dans les eaux internationales, mais les garde-côtes libyens se sont brutalement interposés. Et au final, les migrants ont été ramenés de force à terre.
Sur une vidéo, on voit la proue du navire avançant lentement au large. Soudain, une vedette rapide des garde-côtes libyens apparaît à bâbord, en travers, les moteurs poussés à fond. Sur le pont un militaire fait signe de s’arrêter. La vedette coupe alors la route du Sea Watch, à peut-être cinq mètres tout à plus. Puis il corrige sa course et se place devant le navire, dans le sens de sa trajectoire.
Cette manœuvre dangereuse a eu lieu alors qu’un zodiac du Sea Watch s’était porté au secours d’un bateau en bois, bondé, avec des gilets de sauvetage et un interprète. Il transportait 493 personnes, des Marocains, des Bangladeshis, des Tunisiens, des Syriens, des Tchadiens, des Maliens, des Nigérians et des Soudanais.
Par radio, le Sea Watch a alors reçu l’ordre, du centre de coordination des secours en mer à Rome, de laisser le commandement aux Libyens. Les garde-côtes ont alors pris le contrôle de l’embarcation. Tous les migrants ont été ramenés à terre, où ils seront placés aujourd’hui et demain dans des centres de rétention. Des centres libyens à la sinistre réputation.
Pour l’instant, il n’y a eu aucune réaction des autorités européennes, qui, il faut le rappeler, soutiennent et qui forment ces garde-côtes. Du côté de l’agence européenne aux frontières, Frontex, ainsi que de la force européenne EUNAVFOR, on refuse de commenter, en disant que leurs forces n’étaient pas impliquées dans l’incident. On attend encore de connaître la version des garde-côtes italiens, qui sont en charge de la coordination en mer. Du côté libyen, en revanche, la version est très différente : un porte-parole dit que le navire de l’ONG a « tenté d’empêcher le travail des garde-côtes en voulant récupérer les migrants sous prétexte que la Libye n’est pas sûre ».