FIFA/Attribution du Mondial 2026 : 5è échec essuyé, mais le soft power de Rabat en Afrique désormais un modèle

Afriquinfos
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Photo, DR: Lavieeco

MOSCOU (© 2018 Afriquinfos) – Au nom d’intérêts économiques égoïstes, les pays membres de la FIFA ont décidé à une très large majorité de confier l’organisation du Mondial 2026 au trio USA-Canada-Mexique. Un vote cruel mais qui grandit un peu plus la place du Maroc sur l’échiquier diplomatique et du foot africain.

 

La passion du foot a été une nouvelle fois écrasée au profit du business et des pesanteurs géopolitiques. Tous ceux qui déniaient une connotation politique et géopolitique aux votes des pays membres de la FIFA quand sonne l’heure de prendre des décisions cardinales ont pu, une nouvelle fois, toucher du doigt ce 13 juin le lien très étroit qui existe entre le football et la géopolitique sur la planète.

La discipline sportive la plus prisée sur la Terre s’est muée en réalité en un «soft power» puissant et incontournable. Le nouvel échec essuyé par Rabat ce 13 juin dans sa tentative de décrocher une organisation d’un Mondial fait dorénavant du Maroc une nation incontournable dans l’approche des grands évènements sportifs en Afrique ! Très loin devant les principales puissances économiques de ce continent que sont l’Afrique du Sud et le Nigeria, ou encore l’Egypte. Le pays du Roi Mohammed VI est d’ailleurs pionnier en la matière. C’est la 1ère République noire du monde à avoir osé en 1994 une candidature pour abriter une Coupe du monde.

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Beautiful Morocco…

Il n’est pas aisé de bâtir une candidature à dimension internationale et rivaliser d’ardeur et de génie avec les plus grandes puissances économiques du monde comme le Royaume l’a fait en 1994, 1998, 2006, 2010, et pour 2026. Des candidatures qui ont respectivement échoué face à des mastodontes économiques comme les USA, la France, l’Allemagne et l’Afrique du Sud. Ces diverses expériences ont forgé la capacité de mobilisation, de négociations et de persuasion multilatérales de Rabat à l’échelle du monde.

Toutes choses qui ont été encore démontrées entre le 11 août 2017 (annonce officielle de la candidature pour le Mondial 2026) et le 13 juin 2018. L’organisation du Mondial de rugby à 15 en Afrique du Sud en 1995 et les velléités d’organisation des Jeux olympiques d’été par le Kenya au début de la décennie 2000 mises de côté, il est difficile de brandir en Afrique un autre pays, outre que le Maroc, à même de se targuer d’être un «habitué des candidatures pour organiser des compétitions internationales». Comme les Coupes du monde de clubs de 2013 et de 2014 que le Maroc a royalement organisées !

Les résultats du vote pour l’attribution du Mondial 2026 démontrent par ailleurs l’efficacité de la diplomatie de couloir du Maroc sur le continent noir où il n’a pas pourtant regagné sa place de membre de l’UA (Union Africaine) que seulement en janvier 2017, après 33 ans de bouderie. La quarantaine de voix africaines récoltées durant ce scrutin du 13 juin à la FIFA témoigne des aptitudes avérées de Rabat à jouer le rôle de rassembleur face aux grands défis qui engagent l’avenir de l’Afrique, quels que soient les différends politiques qui minent l’UA depuis plusieurs années sur différentes thématiques. Comme le bras de fer Rabat-Alger autour du Sahara Occidental qui n’as pas empêché l’Algérie de voter pour le Maroc le 13 juin dernier.

Les autorités marocaines ont ainsi vu juste, en optant pour une 6è candidature de leur pays pour abriter la Coupe du monde de 2030. Elles y ont à gagner. En 2030, il faudra probablement affronter la puissante Chine et une nouvelle candidature concertée, celle de l’Argentine-Uruguay-Paraguay (en Amérique latine, après Brésil 2014). Les 5 expériences marocaines de précédentes candidatures seront d’une grande utilité en 2030.

Par Georges SAMIR