Cameroun : 30 millions USD du FIDA pour promouvoir l’entreprenariat agro pastoral des jeunes

Afriquinfos Editeur
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Le Programme de promotion de l'entreprenariat agropastoral des jeunes en voie d'élaboration par le gouvernement comme solution au chômage qui frappe cette tranche de la population consacre cinq axes d'intervention : l'accès aux services financiers, les opportunités de formation et d'appui-conseil, la valorisation des produits par la transformation, l'organisation et la commercialisation, les infrastructures rurales et sociales, et les questions d'accès à la terre, puis la modernisation et la mécanisation des activités agropastorales.

D'une population de 20,6 millions d'habitants portés aux troisquarts vers l'agriculture, base de l'économie nationale mis à part le pétrole et le bois, le Cameroun est composé à 35,2% de jeunes âgés de 15 à 34 ans, soit 7,2 millions, d'après les statistiques officielles. Répartis entre urbains et ruraux, ces jeunes sont caractérisés par deux réalités différentes concernant l'accès à l' emploi.

« Les jeunes qui sont en milieu urbain ont comme distorsion principale sur le marché de l'emploi, le chômage, qui est beaucoup plus élevé et ces jeunes en milieu urbain exercent dans le secteur informel non agricole, c'est-à-dire ce sont les activités de commerce, concrètement par exemple la couture, la coiffure, les bars, etc. », a souligné à Xinhua Rodrigue Raoul Zuchuon du Bureau sous-régional de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour l'Afrique centrale à Yaoundé.

Coordonnateur national du Projet d'appui à la promotion de l' emploi et réduction de la pauvreté, l'expert camerounais fait par exemple état d'un taux de chômage des jeunes de 11% à Yaoundé et Douala, les deux grandes villes du Cameroun. « Alors qu'en milieu rural il est seulement de l'ordre de 3% », compare-t-il.

« En milieu rural, le chômage est plus faible parce que de façon presque naturelle les jeunes peuvent travailler la terre. Le problème se pose plutôt en termes maintenant de décence du travail, en ce sens que le travail qu'ils mènent ne leur permet pas d'avoir des revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins essentiels », explique-t-il.

Pour Zuchuon, « en termes de sous-emploi, par exemple si on prend le sous-emploi lié au revenu on voit qu'en milieu rural près de trois quarts de jeunes travaillent mais gagnent moins que le salaire minimum fixé par l'Etat qui est de 28.150 francs (56,3 USD, NDLR) par mois ». L'une des causes de ces faibles revenus résulte des difficultés d'accès aux « services financiers qui, pour le moment encore au Cameroun, sont axés sur le système bancaire commercial qui a des mesures et des procédures pas très adaptées au secteur spécifique de l'agriculture », note Karl Tchami, élève-ingénieur agroéconomiste à l'Université de Dschang ( Ouest).

« Donc, nous pensons que dans le cadre de ce projet il est très intéressant et il serait mieux de définir un cadre spécifique au secteur agricole, des mécanismes spécifiques compte tenu de la variabilité de la production, des questions d'ordre climatique et autres », fait valoir le jeune Camerounais.

Avec le concours du FIDA, le Programme de promotion de l' entreprenariat agropastoral des jeunes vise les jeunes engagés ou intéressés à s'engager dans ce domaine d'activités qui, pour le gouvernement, offre un potentiel d'impact considérable en termes d' amélioration de la productivité et de modernisation de l' agriculture.

Consultant du Fonds, le Sénégalais Léopold Sarr se félicite d' emblée d'un environnement favorable à ce projet grâce à « un engagement de plus en plus fort des jeunes vers l'agriculture, mais pas n'importe quel type d'agriculture, une agriculture plus moderne, de plus en plus mécanisée et qui forcément va dans le sens de mise en place d'entreprises agricoles ou agro-pastorales ».

Selon lui, « le FIDA a été approché par les autorités camerounaises et le FIDA a prévu dans son financement propre une enveloppe pour accompagner la mise en oeuvre de ce programme-là qui est autour de 30 millions de dollars. Mais, on sait que ce ne sera pas suffisant. C'est pourquoi le gouvernement envisage de mobiliser des partenaires financiers complémentaires du FIDA, notamment la BAD, la Banque mondiale, la BID, l'AFD.. »

Ce programme encore en cours d'identification, de l'avis de Rodrigue Raoul Zuchuon, devrait permettre de « repeupler nos campagnes, d'industrialiser nos villages, de rendre attractif le milieu rural pour désengorger la ville ».