Burundi: Opération anti-concubinage à Ngozi toujours en branle soutenue par le couple présidentiel

Afriquinfos Editeur
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Bujumbura (© 2024 Afriquinfos)- Depuis le début de cette année 2024, le Burundi a entamé la séparation des couples en concubinage au nom de «l’ordre moral et chrétien». A la date du 26 mars 2024, à Ngozi, l’une des deux provinces où l’opération bat son plein, 237 femmes qui vivaient avec des hommes qui n’étaient pas leur mari légal ont été « expulsées ».

Cette opération de séparation des couples en concubinage sous l’impulsion des autorités, fait suite à un appel lancé par l’ex-président Pierre Nkurunziza et l’actuel couple présidentiel Ndayishimiye. Le couple présidentiel Ndayishimiye, des catholiques très pratiquants,  avaient appelé à plusieurs reprises à mettre fin au concubinage dans le pays au nom de « l’ordre moral et chrétien », car selon eux, ces couples «vivent dans le péché », et ce péché empêcherait, selon eux, le Burundi de se développer. Un appel qui a été entendu diversement dans le pays.

«Nous avons commencé à expulser de ces ménages les femmes qui vivent avec des hommes», explique ainsi un gouverneur de la province.

Des femmes en ménage depuis quinze à vingt ans – avec parfois jusqu’à huit enfants – renvoyées chez leurs parents, des enfants séparés de leurs mères et obligés d’aller vivre auprès de la première femme, ou encore des hommes obligés d’aller vivre avec leur première femme qui les a quittés depuis une dizaine d’années : plusieurs témoins dénoncent de nombreux abus au nom de l’ordre moral et chrétien.

Toutefois, le gouverneur de la province de Ngozi assure qu’ils ont d’abord initié une phase de sensibilisation et d’explications début novembre 2023 avant de passer à l’action. Ce sont souvent les voisins qui dénoncent, puis, l’administration, accompagnée de jeunes miliciens Imbonerakure et des forces de l’ordre, se rend au domicile du couple.  « Ils vérifient si vous êtes mariés légalement et si ce n’est pas le cas, ils obligent l’homme à retourner vivre avec sa première femme et la concubine est renvoyée chez ses parents. Puis, ils cadenassent la porte de la maison. »

Dans la deuxième province, Kayanza concernée aussi par la chasse aux concubines, près de 200 couples ont été déjà séparés. Cette opération anti-concubinage intervient après la chasse aux concubins et autres pratiquants de l’union libre en 2017, sous l’impulsion du chef de l’État de l’époque, le défunt Pierre Nkurunziza.

V. A.

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