Balotelli : Nouvelle icone de la lutte contre le racisme

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Celui qui a mené l’Italie en finale de l’Euro 2012, n’est jamais épargné par ses compatriotes. L’Italie, qui nie tout problème de racisme, est pourtant très hostile envers ses résidents noirs. En décembre dernier, deux sénégalais ont été assassinés par des militants fascistes à Florence. Par ailleurs, en 2008, la mafia a tué six immigrants originaires du Ghana et d’Afrique de l’Ouest lors d’un règlement de compte entre gangs rivaux. Et la liste de tragédies est encore longue.

Ce racisme, très ancré en Italie, est encore plus perceptible dans les stades de football, où Balotelli, et une poignée de joueurs d’origine africaine, sont souvent victimes de brimades racistes. Ainsi, Balotelli est devenu la victime la plus en vue de la Botte ritale. Le joueur, d’origine ghanéenne et abandonné à la naissance, a été adopté à l’âge de trois ans par une famille sicilienne de la ville de Brescia, une des zones où l’on recense le  plus grand nombre d’actes racistes. Ce n’est qu’à dix-huit ans qu’il a pu acquérir la nationalité italienne, après des heures passées dans les interminables queues des commissariats italiens. Le pire lui est arrivé sur le terrain où il a été victime de jetés de bananes et de cris de singe. Par ailleurs, beaucoup de supporters italiens l’ont attaqué sur sa nationalité italienne. Des supporters de la Juventus lui criaient souvent «  Il n’y a pas d’Italiens noirs ». Ainsi, son départ pour le Manchester City serait à cause des trop nombreux mauvais traitements infligés par les supporters italiens. Les médias n’ont également pas été tendres avec lui : lors de l’Euro 2012, le journal Gazzetta dello Sport avait publié une caricature de Balotelli, grimé en King Kong et jetant des ballons au-dessus du sommet de Big Ben.

L’association Human Rights Watch (HRW) pointe donc du doigt une Italie qui ne prend pas suffisamment de mesures pour enrayer le racisme, alors que le pays compte 7,5 % d’immigrants. HRW exige donc des sanctions plus sévères de ces violences et demande à ce que les lois anti-racisme soient renforcées. Par ailleurs, bien qu’il y ait eu des progrès lors de la gouvernance de Mario Monti, les résultats restent mitigés.

Balotelli, le héro du football, est donc perçu comme celui qui pourrait faire la différence, bien que beaucoup restent sceptique sur l’étendue des changements qu’il pourrait apporter. Le professeur Simon Martin de l’Université Américaine de Rome explique qu’il s’agit d’un processus très long dans lequel l’Italie n’est pas encore prête à s’engager. Par ailleurs, le choix de Balotelli comme icône de la lutte contre le racisme est à double tranchant : le talent exceptionnel de Balotelli, ainsi que son histoire, permettrait d’assoir son influence et de booster une campagne pour changer la loi italienne et que les enfants d’immigrants puissent accéder à la nationalité italienne avant leur 18 ans. Cependant, ses frasques et son image de playboy pourrait porter préjudice à la cause.