L’évasion fiscale coûte à l’Afrique l’équivalent du recrutement de 10 millions d’infirmiers d’après des ONG

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2020 Afriquinfos)- Un réseau d’Organisation non-gouvernementale (ONG), dont Tax Justice Network, Global Alliance for Tax Justice et Public Services International vient de publier son premier rapport sur la justice fiscale en Afrique. Le rapport fait état de flux illicites de devises d’évasion fiscale qui font perdre plus de 25,7 milliards $ en moyenne à l’Afrique chaque année.

Le rapport du réseau d’ONG est catégorique et pointe les multinationales du doigt. Chaque année, ces grands groupes installés sur le continent sont à l’origine d’une évasion estimée à 23,2 milliards $. Ajouté à ce montant, les 2,53 milliards $ d’évasion fiscale d’ultra fortunés d’Afrique donne un total de 25,7 milliards $ perdus par le continent chaque année.

Le rapport explique que, dans un contexte de la Covid-19, ce montant évadé aurait pu permettre à l’Afrique de recruter plus de 10 millions d’infirmiers dans la riposte sanitaire pandémique. Un personnel soignant qui aurait été d’un grand secours pour le continent déjà pénalisé par la faiblesse de son système de santé.

«Justice fiscale : état des lieux 2020 – La justice fiscale à l’ère de la Covid-19» est un renouveau dans le domaine des études sur l’abus à l’impôt sur les sociétés à l’échelle mondiale. En effet, c’est la première fois qu’une analyse des fuites fiscales dans le monde s’appuie sur les données agrégées des déclarations pays par pays, récemment publiées par  l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pour estimer les pertes de recettes au titre de l’impôt sur les bénéfices des sociétés pour l’ensemble des pays.

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Même si l’Afrique n’est pas le continent qui subit le plus les effets négatifs de l’évasion fiscale des multinationales, elle est la région du monde qui souffre le plus de ses effets, car l’Afrique a une capacité faible à mobiliser des ressources budgétaires. Cette situation est exacerbée par les conditions contraignantes d’accès aux marchés des capitaux.

Pour cautériser la plaie, il faut une refonte en profondeur de la fiscalité internationale pour prendre plus en compte les intérêts des pays où se déroulent les activités des multinationales. Laissé en l’état actuel, ce système permet à de grandes entreprises de consolider leurs performances financières et économiques, surtout dans des pays où elles paient le moins d’impôts possible mais aussi dans les pays à faible transparence des transactions financières.

S.B.