Les vérités de Bazoum sur Ménaka et Gao qui ne devraient pas hâter le réchauffement de l’axe Niamey-Bamako

Afriquinfos Editeur
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Niamey (© 2022 Afriquinfos)- Ce n’est pas pour bientôt le réchauffement des relations entre Niamey et Bamako. La dernière sortie du Président nigérien en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies, ne vont pas dans le sens de l’apaisement. Mohamed Bazoum soutient que le départ de la Force Barkhane a détérioré la situation sécuritaire dans la région du Sahel avec un risque d’installation des djihadistes à Ménaka.

Mohamed Bazoum reconnaît que le départ de la Force Barkhane du Mali a fragilisé voire dégradé le dispositif sécuritaire dans la zone des trois frontières. ‘’ La situation dans l’espace de nos trois pays, sur le plan sécuritaire, s’est dégradée, c’est incontestable’’ a-t-il déclaré tout en bémolisant sur les répercussions sur son pays. ‘Est-ce que, pour autant, elle aura pour effet de faire ce que vous dites que le Niger aussi tombe ? Je ne le pense pas. Je le pense d’autant moins que nous avons depuis longtemps eu une situation différente du Mali et elle s’avère aussi, à a posteriori, différente du Burkina Faso.’’ Si le président nigérien affiche une telle confiance, c’est fort du partenariat que son pays a noué avec la France. La Force Barkhane s’est en effet relocalisée au Niger : ‘’ En plus, nous avons désormais une situation plus confortable à cause de la coopération que nous avons nouée avec nos partenaires extérieurs, et la France notamment. La présence de Barkhane sur notre territoire et son engagement aux côtés de notre armée à la frontière du Mali renforce nos positions et créer une situation beaucoup plus favorable. Il faut aussi dire que lorsque vous comparez notre situation aujourd’hui à ce qu’elle était en 2019, en 2020, c’est sans commune mesure’’ se réjouit Bazoum.

Pour le Président nigérien qui a toujours été incisif à l’encontre de la junte militaire au Mali, c’est Bamako qui perd au change. Selon lui, le partenariat avec les paramilitaires russes de Wagner, ne donnerait pas les résultats escomptés, au contraire : ‘’ la situation dans la région de Ménaka s’est totalement dégradée depuis le départ de Barkhane. Depuis la fin du mois de mars, les terroristes ont conquis des territoires encore plus vastes. Ils ont tué plus de personnes et ont créé encore plus de tensions entre communautés comme cela ne s’est jamais passé. Les forces armées sont à Ménaka, elles y seraient avec leurs supplétifs russes, mais je constate que cela n’a pas empêché que la situation se dégrade davantage. La situation à Gao, aussi, est en train de se dégrader. Et jamais la tension entre les communautés peules et touaregs n’a été aussi vive qu’aujourd’hui. Et il y a des risques de massacres entre ces communautés à grande échelle’’ craint Mohamed Bazoum.

Il va même enfoncer le clou ‘’ je suis convaincu que l’EIGS comptent attaquer Ménaka. Est-ce que ce sera pour y rester ? Ce n’est pas leur mode d’action que de rester dans des localités importantes comme Ménaka. Ils n’ont jamais eu de vocation à administrer quoique ce soit. Mais ils sont militairement capables d’attaquer Ménaka. Est-ce qu’ils sont capables d’attaquer Gao aujourd’hui ? Non, je ne le pense pas, mais autour de Gao, ils ont réalisé de grandes avancées’’, affirme le président nigérien. Bamako appréciera et comme on peut s’y attendre, ne manquera pas de réagir.

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Boniface T.