La BAD interpelle vivement l’Afrique sur la constitution de ses propres stocks alimentaires

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2022 Afriquinfos)- « S’il n’y a jamais eu un moment pour augmenter considérablement la production alimentaire en Afrique, c’est maintenant ! » a interpellé le président de la Banque africaine de développement (BAD).

Dans une tribune co-signée avec Patrick Verkooijen, PDG du Centre mondial sur l’adaptation et Anne Beathe Tvinnereim, ministre norvégienne du Développement international publiée vendredi 25 mars sur Thomson Reuters Foundation, Akinwumi Adesina  évoque la « menace d’une catastrophe silencieuse en Afrique ».

Selon son plan d’action, le patron de la Banque africaine entend mobiliser 1 milliard de dollars en faveur de l’agriculture ainsi que des projets qui bénéficieront d’une partie des 32 milliards de dollars récoltés lors des boardrooms de l’Africa Investment Forum qu’il a présidé les séances de boardrooms de l’Africa Investment Forum (AIF) organisées virtuellement du 15 au 17 mars. Il estime que les voies de secours pour le continent devraient être multipliées.

Selon Akinwumi Adesina, l’avenir à court et moyen terme de l’approvisionnement alimentaire et de la production agricole est actuellement au cœur des préoccupations en Afrique, alors que les prix des matières premières flambent sur fond de crise ukrainienne et de sanctions contre la Russie.

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Pendant que les prix des céréales (Riz, blé, maïs, soja) exposent sur les marchés explosent, face à la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, plusieurs économies dans le monde trinquent sous la menace de l’insécurité alimentaire, obligeant certaines à casser leur tirelire. Mais pour le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina  le mot d’ordre est sans appel : « Face à l’augmentation des prix des matières premières notamment agricoles, l’Afrique doit se préparer à répondre de manière conséquente, afin d’éviter les pressions de l’insécurité alimentaire », a-t-il déclaré lors d’une rencontre dématérialisée avec des journalistes.

Le leader nigérian s’est cependant réjouit que sur les 32 milliards de dollars collectés à cette occasion pour des projets en Afrique, « il y a eu beaucoup d’intérêt pour l’agriculture ». A côté, la BAD va mobiliser une facilité d’urgence de 1 milliard de dollars pour couvrir le riz, le blé, le maïs, et le soja, dans le but de soutenir les pays du continent fortement dépendant des importations.

« L’Ukraine et la Russie présentent à titre d’exemple plus de 70% des importations de céréales de l’Egypte et le tiers des importations d’Afrique de L’Est. Avec ce qui se passe en ce moment, la situation de crise alimentaire va s’aggraver », a souligné le président de la BAD avant d’ajouter : « ce que nous essayons de faire, c’est de nous assurer que nous investissons beaucoup dans l’agriculture… Nous en discutons avec nos partenaires avant de pouvoir faire des annonces ».

Les pays africains face à l’urgence alimentaire

En effet, les répercussions économiques et humanitaires du conflit ukraino-russe se font ressentir sur les marchés depuis plusieurs semaines. Si les cours du blé et du maïs étaient en baisse à l’ouverture des marchés ce lundi 28 mars, ceux-ci restent à des niveaux élevés. D’ailleurs dans sa dernière perspective économique publiée le 17 mars, l’OCDE reste pessimiste et ne s’attend pas de sitôt à un retour à la normale. Un pays comme le Rwanda, dont les importations de céréales ont franchi la barre des 44 millions de dollars pour plus de 177 700 tonnes en 2020 et à 64% assurées auprès des Russes- prévoit déjà une facture explosive et cherche d’autres fournisseurs. A cela s’ajoute la hausse des prix des fertilisants -sur fond de hausse du cours du gaz- qui renforce le spectre de l’improductivité agricole.

Si à la veille du Ramadan, les pouvoirs publics en Afrique du Nord encadrent le secteur pour rassurer les populations, dans certains pays au Sud du Sahara, les professionnels de la boulangerie notamment plaident déjà pour revoir le poids de la baguette. « Même avant la guerre, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie pesait sur les budgets des ménages et des gouvernements dans de nombreux pays plus petits et plus pauvres dont les économies avaient également été parmi les plus lentes à se remettre de la pandémie de COVID-19.

De nouvelles flambées de prix déclenchées par le conflit en Europe de l’Est menacent désormais d’aggraver la pauvreté et l’insécurité alimentaire », a également alerté Ngozi Okonjo Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

V.A.