Afruibana demande à ce que les fruits et légumes soient reconnus comme « marchandises stratégiques »

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Paris (© 2022 Afriquinfos)- Le secteur mondial des fruits et légumes frais lance un appel aux autorités publiques nationales et régionales et aux organismes multilatéraux, tels que l’OMC, la FAO, la CNUCED, l’OCDE et autres, pour qu’ils interviennent avec urgence face à l’augmentation importante des coûts de la logistique et des intrants tels que les engrais, les matériaux d’emballage et l’énergie. Et à la pénurie générale de main-d’œuvre qui compromettent la viabilité économique du secteur des fruits et légumes frais à l’échelle mondiale.

Avec une production totale de 1,6 milliard de tonnes (2019), le secteur estime qu’environ 50 % des fruits et légumes frais sont consommés localement et 50% sont destinés au commerce. Le commerce mondial des fruits et légumes représentait une valeur marchande de 220 milliards $ US en 2020. Comptant plus de 200 lieux de provenance et 200 destinations, le secteur mondial des fruits et légumes fonctionne avec une forte fragmentation, un éventail complet de producteurs de petite, moyenne et grande tailles et une chaîne d’approvisionnement nationale et mondiale complexe, afin de maintenir la sécurité alimentaire et la qualité de ses produits.

Alors que le secteur a démontré sa résilience au cours des deux dernières années de la pandémie de COVID-19, les enjeux actuels de la chaîne d’approvisionnement mondiale ont entraîné un effet domino négatif pour l’ensemble du secteur. En effet, les coûts ont augmenté dans de nombreux domaines: de 150 à 400 % pour les conteneurs, 20% pour le transport par camion, jusqu’à 80 % pour le fret aérien, jusqu’à 100 % pour l’engrais et jusqu’à 100 % pour les palettes en bois. À l’échelle régionale, le fardeau économique de la logistique d’expédition se résume comme suit :

  • Les producteurs de l’hémisphère Sud estiment une augmentation des coûts de 3,8 milliards $ US en raison de l’augmentation des prix des conteneurs d’environ 150% pour 2022.
  • Les producteurs et négociants européens estiment une augmentation totale des coûts de 10 milliards € pour 2022, cumulés par tous les défis auxquels fait face la chaîne d’approvisionnement, plus 4 milliards € pour les coûts logistiques supplémentaires (intérieur, intra-UE, exportation, importation).
  • Le secteur nord-américain des fruits et légumes frais signale que le prix des conteneurs a grimpé jusqu’à 25.000 $ US, soit une augmentation considérable par rapport aux coûts d’environ 3.000 $ US d’avant la pandémie;
  • Plus de 86% des membres de ColeACP craignent que leur viabilité économique soit affectée par les perturbations logistiques actuelles et plus de 70% envisagent de procéder à des changements opérationnels.

Compte tenu de ce qui précède, la Coalition mondiale pour les produits frais demande instamment aux principales parties prenantes et autorités publiques de mettre en œuvre des solutions urgentes pour stabiliser le secteur en cette période de crise. À cette fin, nous avons identifié des mécanismes potentiels pour préserver la viabilité économique à court terme et la durabilité du secteur, notamment par les propositions concrètes suivantes:

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  • Accroître l’attention portée aux fruits et légumes et leur reconnaissance en tant que «marchandise stratégique» ayant une contribution considérable à la durabilité à long terme de la planète et aux politiques de santé publique ;
  • Créer des mécanismes de stabilisation pour améliorer l’accessibilité aux fruits et légumes frais pour tous ;
  • Équilibrer les distorsions du fret maritime qui a connu des changements importants, les transporteurs établissant des taux et des bénéfices records grâce à l’intégration verticale des grandes compagnies maritimes qui ont renforcé leur mainmise sur les chaînes d’approvisionnement existantes ;
  • Introduire des subventions au transport pour les producteurs et exportateurs de fruits et légumes afin d’atténuer l’impact immédiat des distorsions excessives des prix du fret maritime ;
  • Promouvoir une stratégie mondiale de détaxation des fruits et légumes qui bénéficierait directement aux producteurs, aux exportateurs et aux consommateurs ;
  • Faciliter un meilleur accès aux principaux marchés d’exportation par le biais de mécanismes de variation qui ne conduisent pas à des distorsions abusives du marché, y compris la réduction des droits d’importation et des quotas ;
  • Ne pas accorder de remises promotionnelles trop importantes aux consommateurs finaux, lesquelles minent la valeur des fruits et légumes frais et, en fin de compte, rognent sur les marges déjà très réduites des producteurs et des exportateurs ;
  • Renforcer les investissements promotionnels publics visant à accroître la reconnaissance et, en définitive, la consommation de fruits et légumes frais pendant la contre-saison de l’hémisphère Sud.

La Coalition mondiale pour les produits frais s’engage à poursuivre le travail visant à trouver des solutions sectorielles – à la fois ensemble et dans ses contextes régionaux respectifs. Toutefois, ces questions complexes aux conséquences désastreuses ne peuvent être abordées que par une collaboration public-privé, dans laquelle nous souhaitons être un partenaire constructif et proactif.

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