Colonna reprécise les nouveaux contours de la diplomatie française en Afrique sous Macron

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France, Paris, 2022-07-29. Photography by Xose Bouzas / Hans Lucas. Exit from the Council of Ministers at the Elysee Palace. Catherine Colonna, Minister for Europe and Foreign Affairs. France, Paris, 2022-07-29. Photographie par Xose Bouzas / Hans Lucas. Sortie du conseil des ministres au Palais de l Elysee. Catherine Colonna, ministre de l europe et des affaires etrangeres. (Photo by Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Paris (© 2023 Afriquinfos)- La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a assuré ce 06 juin que Paris souhaitait rester un « partenaire pertinent » sur le continent africain, malgré les « discours anti-français ». Et a rappelé la volonté de la France « de bâtir une relation nouvelle, équilibrée, réciproque » avec les pays d’Afrique.

Alors que la population du continent africain, qui compte déjà 1,1 milliard d’habitants, devrait doubler d’ici 2050 selon les Nations Unies, la jeunesse africaine a lancé un défi à la France: « Celui de nous renouveler, de changer notre manière de faire« , a noté la cheffe de la diplomatie française, soulignant que Paris avait entendu le message des jeunes. Elle a rappelé pour ce faire la volonté de la France « de bâtir une relation nouvelle, équilibrée, réciproque » avec les pays d’Afrique.

« C’est ainsi que la France restera un partenaire proche, pertinent dans ce continent appelé à occuper une position tellement centrale dans les équilibres du monde de demain« , a-t-elle ajouté. La ministre n’a pas éludé « les vents contraires » et notamment « la diffusion de discours anti-français dans certains pays d’Afrique francophone« .

Ces discours « sont pour partie liés à l’héritage de l’histoire, pour partie aux frustrations de la jeunesse, pour partie aussi à des entreprises hostiles, venant notamment de la Russie« , a-t-elle estimé. L’Afrique est au cœur de luttes d’influences internationales qui ont redoublé depuis le début du conflit russo-ukrainien en février 2022.De nombreux pays africains demeurent dépendants pour leur alimentation des importations de céréales de la Russie et d’Ukraine.

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Moscou a multiplié ces dernières années des initiatives sur le continent, visant à se poser comme alternative aux anciennes puissances coloniales. « Rien n’est plus faux, et depuis longtemps » que de penser que les relations entre la France et ses partenaires africains vont de soi dans un monde « toujours plus concurrentiel« , a également averti la ministre devant les sénateurs.

« Avec une participation toujours plus importante du continent dans l’économie mondiale, ce sont des marchés à consolider ou à investir pour nos entreprises« , a-t-elle poursuivi. La France est le deuxième investisseur étranger sur le continent africain après la Chine. En quinze ans, le nombre de filiales d’entreprises françaises a doublé sur le continent, de même que les investissements, a détaillé Catherine Colonna.

De son côté, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a relevé qu’au fil du temps, les pays africains avaient « décidé de diversifier leurs partenariats » et de les « mettre en concurrence« , y compris sur le plan de la Défense.

« Cela porte le défi d’être plus attractifs vis-à-vis de partenaires anciens avec lesquels nous sommes dans des relations affectives« , a-t-il expliqué. Rappelant aussi que le continent africain est « soumis aux tensions entre modèles autoritaires et démocraties« . S’agissant de la menace terroriste, elle a évolué en dix ans: aujourd’hui, « elle est plus fragmentée, plus diffuse, plus endogène, plus difficile à détecter et à renseigner« , a expliqué Sébastien Lecornu. Il a fait remarquer dans ce sens qu’il fallait donc réfléchir à de nouvelles méthodes de lutte contre le terrorisme sur le continent africain.

Il a par ailleurs plaidé pour « une approche plus transparente des missions » des bases françaises, et dit sa volonté d’accueillir beaucoup plus d’élèves officiers ou sous-officiers en France. Le ministre va ainsi poursuivre les discussions avec ses homologues pour proposer un « catalogue de formation nouveau » pour éviter que les pays ne se tournent notamment vers les sirènes russes.

Sébastien Lecornu a également regretté le retard pris dans le domaine spatial, dans le cyber ou les drones « dans l’accompagnement des armées » d’Afrique. « Il nous faut mettre les bouchées doubles« , a-t-il poursuivi », soulignant la nécessité « à la fois de lutter contre le terrorisme et d’honorer notre parole donnée parfois par des accords de défense » signés il y a des décennies.

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