Paris © 2023 Afriquinfos)- Alors que l’Union Africaine (UA) devenue OUA fête ce jeudi 25 mai ses 60 années de création, nos confrères de RFI ont tendu leur micro à Cheikh Tidiane Gadio, ex Chef de la diplomatie sénégalaise (2000 à 2012) qui dirige aujourd’hui l’Institut panafricain de stratégie «Paix, sécurité, gouvernance». Entre autres sujets abordés, celui du décès subit d’Idriss Déby Itno. La réponse de l’ancien ministre diffère de la version officielle servie jusque-là.
En mars dernier au Tchad, plus de 400 rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), condamnés à la perpétuité pour atteinte à la vie de l’ex-Président Idriss Deby Itno, ont été graciés. Mais, il semble que les auteurs de cette mort subite sont à chercher ailleurs. C’est ce que laissent entendre les propos de Cheikh Tidiane Gadio.
Alors qu’il était questionné sur la non-condamnation par la communauté internationale de la dévolution anti-constitutionnelle du pouvoir au Tchad au même titre qu’au Mali, au Burkina Faso ou encore en Guinée, l’ancien ministre sénégalais est plutôt parti sur les bonnes relations qu’il entretenait avec feu Idriss Déby Itno: ‘’Moi, je connais assez bien la situation du Tchad et j’ai eu une relation que tout le monde connaît, très particulière, avec le Président Idriss Déby Itno. Je salue d’ailleurs sa mémoire et le combat qu’il a mené pour la sécurité de l’Afrique’’ a commenté Cheikh Tidiane Gadio.
Pour lui, la disparition de l’ex-Président tchadien va plus loin qu’une mort au front du fait des rebelles, comme l’a laissé entendre la version officielle: ‘’Lui et moi, je vous fais une confidence, on a discuté de la question du Tchad comme étant le verrou qui empêche le jihad et les terroristes de prendre l’ensemble du Sahel. Et il y avait un plan pour l’élimination d’Idriss Déby Itno lui-même. Et on lui conseillait tout le temps la prudence, etc., mais on connaît son tempérament, très engagé, très guerrier, très courageux. Et il est allé tenter de régler lui-même le problème qui s’était posé’’, relate l’ex ministre sous Abdoulaye Wade. Avant de faire une révélation: ‘’Selon les informations que nous avons, ce n’est pas juste un groupe de rebelles tchadiens qui ont éliminé Idriss Déby. On nous parle d’une nébuleuse où on retrouve les gens de Wagner, on y retrouve aussi les gens du Maréchal Haftar, on retrouve beaucoup de groupes d’intérêts qui sont organisés, et on a éliminé le président Idriss Déby.’’
Cheikh Tidiane Gadio a fini en répondant qu’il n’adhérait pas aux sanctions appliquées au Mali: ‘’Quand on a mis le Mali sous sanctions de la CEDEAO, j’ai trouvé cela totalement incohérent. Les sanctions contre les coups d’État dans une situation normale, je suis tout à fait d’accord. Mais quand un pays est attaqué par les terroristes, un pays exsangue, un pays par terre, vous dites à ce pays ‘nous venons vous aider’ en le sanctionnant, en le mettant sous embargo économique, j’ai trouvé cela très incohérent. Et donc, sur la question des sanctions, je suis assez nuancé pour ne pas dire plus’’, a encore analysé le président de l’Institut panafricain de stratégie «Paix, sécurité, gouvernance».
Afriquinfos
