Comprendre l’actuel niveau de surendettement des Etats africains et ses implications

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Washington (© 2023 Afriquinfos)- En marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, les principaux créanciers du monde et des pays débiteurs se sont mis d’accord, mercredi 12 avril, sur de nouvelles mesures visant à accélérer et améliorer l’efficacité des processus de restructuration de la dette des pays en développement. Une réponse aux inquiétudes de la CNUCED face à des niveaux de surendettement sans précédent des pays en voie de développement, notamment africains.

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) s’inquiète du niveau de surendettement des pays en voie de développement. L’organe onusien indique que cette situation pourrait influer sur la croissance mondiale en 2023 qui tombera à 2,1%, contre les 2,2% prévus en septembre 2022.

Pour les pays en développement notamment africains, les conséquences pourraient être désastreuses, ‘’car la montée en flèche des niveaux d’endettement et l’augmentation des coûts du service de la dette réduisent les investissements productifs dans les secteurs public et privé,’’ relève la CNUCED. A cela s’ajoute ‘’le manque de liquidités internationales qui a déjà transformé des chocs imprévus en un cercle financier vicieux dans certains pays’’.

La situation est telle que les hausses de taux d’intérêt coûteront aux pays en développement plus de 800 milliards de dollars au cours des prochaines années, tandis que les coûts d’emprunt, mesurés par les rendements des obligations souveraines, ont augmenté de 5,3% à 8,5% pour 68 marchés émergents. Ce qui entrainera une pression plus forte des créanciers sur les pays débiteurs. Il arrivera que 39 pays payent davantage à leurs créanciers publics extérieurs que ce qu’ils ont reçu en nouveaux prêts. Ce qui aura un impact négatif sur les investissements publics et la protection sociale.

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La CNUCED s’inquiète également de la hausse de l’inflation alimentaire qui devrait encore affaiblir les dépenses des ménages, notamment en matière de logement. L’organe des Nations Unies a donc exhorté la Banque Mondiale et le FMI à s’attaquer aux contraintes auxquelles sont confrontés les pays qui ont besoin de plus de liquidités et suggère une émission de nouveaux Droits de tirage spéciaux (DTS) d’une valeur d’au moins 650 milliards de dollars pour aider à alléger le lourd fardeau de la dette qui entrave les perspectives de développement.

Une recommandation qui a été saisie au bond pour les institutions de Bretton Woods qui tenaient leurs réunions de printemps 2023. A leur initiative, un accord a été trouvé entre les principaux créanciers du monde et des pays débiteurs. Cet accord porte, entre autres, sur le partage de l’analyse conjointe de la Banque mondiale et du FMI sur la viabilité de la dette des pays avec tous les créanciers impliqués dans les discussions en même temps, afin d’accroître la transparence et le partage d’informations, et aider à calculer l’ampleur des besoins d’allègement de la dette.

«Nous sommes convenus de l’importance d’améliorer d’urgence l’échange d’informations, notamment sur les projections macroéconomiques et les évaluations de la viabilité de la dette à un stade précoce du processus (de la restructuration de la dette). Le FMI et la Banque mondiale publieront rapidement des orientations sur le partage de l’information à chaque étape du processus de restructuration», souligne le communiqué publié sur le site officiel du FMI.

A la demande de la Chine, il a été décidé l’octroi de nouveaux financements à faible coût, y compris des subventions, aux pays dont la dette est en cours de restructuration par les institutions financières. Créanciers et débiteurs ont en outre, convenu de «l’organisation dans les prochaines semaines d’un atelier sur l’évaluation et l’application de la comparabilité du traitement».

Par ailleurs, des discussions supplémentaires se tiendront sur «la détermination de dates limites, la suspension formelle du service de la dette au début du processus, le traitement des arriérés et le périmètre de la dette à restructurer, y compris en ce qui concerne la dette intérieure».

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