Covid-19: Le trafic aérien en Afrique ne retrouvera pas son rythme normal avant la fin 2023 selon l’IATA

Afriquinfos Editeur
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Addis-Abeba (© 2020 Afriquinfos) – Dans son dernier rapport sur les perspectives de relance du trafic aérien en Afrique, l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) n’affiche pas un grand optimisme. Il faudra, selon elle, attendre au moins trois ans pour que le continent retrouve ses volumes normaux de trafic aérien d’avant la pandémie de la Covid-19.

Le secteur du transport aérien est l’un des plus affectés par la crise sanitaire et peut-être celui qui en ressentira les répercussions le plus longtemps, alors que les habitudes des voyageurs post-Covid-19 seront durablement marquées par cette période de risque de contaminations et de fermeture de frontières.

Un sondage réalisé par l’IATA en avril dernier révélait que 60% des sondés s’attendent à recommencer à voyager dans un délai d’un à deux mois après l’endiguement de la pandémie du coronavirus, mais 40% font savoir qu’ils pourraient attendre six mois voire plus. Par ailleurs, 69% des personnes interrogées affirment qu’elles pourraient retarder la reprise des voyages jusqu’à ce que leur situation financière se stabilise. Ce n’est donc pas de sitôt que le secteur connaîtra une reprise structurelle alors même que la pandémie est loin d’être endiguée, et connaît un regain à certains endroits du monde.

Un récent rapport de l’IATA confirme cette perspective sombre. Un retour complet aux niveaux de trafic de 2019 n’est pas attendu avant la fin de 2023. “En 2021, la demande devrait se renforcer à 45% des niveaux de 2019 pour atteindre près de 70 millions de voyageurs sur les vols à l’intérieur du continent. D’ici la fin 2020, le continent enregistrera seulement 45 millions de voyageurs”, lit-on dans le document.

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Les réservations au 4ème trimestre montrent que la reprise est encore bien pâle, dit avoir constaté l’IATA. « Alors que les voyages intérieurs reprennent à travers l’Afrique à mesure que les pays rouvrent leurs frontières, les voyages internationaux restent fortement limités, car les principaux marchés, y compris l’Union européenne (UE), restent fermés aux citoyens des pays africains » relève la même source, rappelant que seuls les résidents de deux pays africains, notamment le Rwanda et la Tunisie, sont autorisés à entrer sur le territoire de l’UE.

Un virus, des drames économiques

A ce rythme, ce sont des centaines de milliers d’emplois qui sont menacés, s’inquiète l’IATA. Des centaines de milliers d’emplois dans les compagnies aériennes pourraient disparaître dans l’industrie de l’aviation civile africaine. Et ce n’est pas seulement dans l’aviation civile, mais dans « tous les secteurs qui dépendent d’une connectivité mondiale efficace », a alerté Muhammad Albakri, le vice-président régional de l’IATA pour l’Afrique et le Moyen-Orient.

Les compagnies aériennes sont en mode survie et certaines sont en passe de mettre la clé sous le paillasson. Pour éviter ces faillites en série, Alexandre de Juniac, Directeur Général de l’IATA, a exhorté les gouvernements et les professionnels à œuvrer afin de restaurer la confiance des voyageurs. Il appelle en outre à une aide urgente pour redonner vie au secteur du transport aérien, car estime-il, « les Gouvernements auront besoin de compagnies aériennes viables pour mener la reprise économique, plusieurs d’entre elles ne seront plus là pour y contribuer si elles épuisent leur trésorerie », craint-il.

Boniface T.