Maurice : les élections législatives se sont déroulées dans un climat d’apaisement

Afriquinfos Editeur
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Port Louis (© 2019 Afriquinfos)-Le dépouillement pour les premières élections législatives depuis 1976, qui se sont déroulées ce jeudi, ont mis aux prises trois blocs et non deux. Ces élections se sont déroulées hier  jeudi, ont démarré ce vendredi et les résultats devraient être connus en fin de journée.

Quelque 941.000 électeurs inscrits étaient sur les listes, mais la participation était de 52,75%, selon la commission électorale.

Les Mauriciens ont voté jeudi dans le calme pour un scrutin législatif à l’issue duquel le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, espère obtenir l’onction populaire, deux ans après avoir succédé à son père sans élection.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme. Mais un nombre inhabituel d’électeurs n’ont pas pu voter, ayant découvert devant l’isoloir qu’ils n’étaient pas inscrits sur les listes électorales.

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L’opposant Navin Ramgoolam s’en est inquiété.

« Il peut arriver que quelques personnes n’arrivent pas à retrouver leurs noms (sur les listes) pour une raison ou une autre.Mais cette fois le nombre est beaucoup trop élevé.Ce n’est pas normal ».

Depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1968, l’île Maurice est l’une des démocraties les plus stables d’Afrique.

Les précédentes élections en 2014 avaient été remportées par la coalition menée par Anerood Jugnauth. Ce cacique de la vie politique mauricienne, plusieurs fois Premier ministre et président de 2003 à 2012, est resté chef du gouvernement jusqu’en 2017.

Il a alors choisi de passer la main, son fils Pravind héritant du poste en tant que chef du Mouvement socialiste mauricien (MSM), le principal parti de la coalition au pouvoir.

L’opposition avait dénoncé le caractère monarchique de cette succession et réclamé en vain de nouvelles élections. Deux ans plus tard, Pravind Jugnauth, 57 ans, espère avoir fait suffisamment pour convaincre les Mauriciens de le reconduire.

Il a mis en avant son rôle dans la modernisation des infrastructures publiques, symbolisée par la construction d’un métro, et son bilan social avec l’introduction d’un salaire minimum (215 euros par mois) et la revalorisation de la pension vieillesse.

Cet effort en faveur des retraités a valu à M. Jugnauth, qui a voté dans la matinée, d’être chaleureusement salué par des dames âgées de Saint-Pierre (nord).

Rencontré dans le village de Trou d’Eau Douce, sur la côte est, Saoud, un homme d’affaires musulman de 55 ans, était, lui, moins enthousiaste et ne cachait pas sa sympathie pour M. Ramgoolam. »Je ne suis pas satisfait de la performance de l’actuel gouvernement concernant les petits entrepreneurs ».

Pendant la campagne, l’opposition a continué de dénoncer les circonstances de l’accession de M. Jugnauth au pouvoir et les affaires qui ont coûté leur poste à plusieurs ministres et à la présidente Ameenah Gurib-Fakim.

L’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam (1995-2000 et 2005-2014), dont le père, Seewoosagur, avait lui-même été chef du gouvernement entre 1968 et 1982, avait ainsi déclaré vouloir libérer l’île « du joug du clanisme et de la corruption ».

M. Jugnauth est à la tête de l’Alliance Morisien (AM, centre droit) et M. Ramgoolam, chef du Parti travailliste (PTr), dirige l’Alliance nationale, de centre gauche.

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Les électeurs devaient choisir 62 députés, dont 60 dans l’île principale, Maurice, et deux à Rodrigues, à 600 km plus à l’est. La Commission électorale doit ensuite nommer huit députés parmi les non-élus ayant obtenu les meilleurs scores, afin de rééquilibrer la répartition des sièges entre partis et communautés.

L’île Maurice fait partie des pays les plus riches d’Afrique, avec un PIB par habitant de 10.500 dollars. Elle a connu une croissance de 3,7% en 2018 à la faveur du dynamisme des activités de construction et de services, surtout le tourisme et le secteur bancaire, alors que la production de sucre a diminué.

En octobre, l’île a été retirée de la liste grise des pays considérés comme des paradis fiscaux par l’Union européenne.

V.A.