Propos xénophobes de K. Saied: Tunis et l’UA tentent elles aussi d’apaiser les rancœurs

Afriquinfos Editeur
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Carthage (© 2023 Afriquinfos)- Minata Samate Cessouma, commissaire aux Affaires sociales de l’Union africaine, et Bankole Adeoye, commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, étaient en Tunisie ce vendredi 10 mars 2023, pour s’entretenir avec le président de la République, Kaïs Saïed.  Cette visite fait suite aux propos xénophobes de M. Kaïs Saïed  qui ne sont passés ni sur le continent, ni en occident.

Le président de la République a, lors de cette occasion, rappelé le rôle historique de la Tunisie dans le soutien aux mouvements de libération en Afrique, soulignant que la Tunisie « qui est fier de son appartenance africaine, ne renoncera pas à ses principes et valeurs dans ses relations avec les peuples de notre continent ».

D’après le dirigeant,  ceux qui parlent de racisme en Tunisie ne connaissent pas ou oublient les positions de son peuple sur toutes les questions auxquelles les peuples africains ont été confrontés. Il a expliqué que « les accusations et les campagnes effrénées visent à inciter l’opinion publique contre la Tunisie », soulignant que « notre pays a ses propres lois qui s’appliquent à tous et ses propres traditions et valeurs de coopération et de solidarité avec les peuples africains ».

La rencontre entre les émissaires de l’Union Africaine et le dirigeant  a également abordé les raisons qui ont conduit, après plus de six décennies d’indépendance dans de nombreux pays africains, « à cette situation déplorable pour l’humanité en général », le président Kaïs Saïed  indiquant que « la Tunisie considère que l’Afrique et les Africains en général ont payé un prix élevé pour des politiques qu’ils n’ont pas choisies ».

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Les invités ont, eux, exprimé, selon un communiqué de la présidence, leur compréhension de la position tunisienne, ainsi que leur appréciation des mesures prises pour protéger les migrants du sud du Sahara, faciliter leur séjour et les protéger contre toute agression.

Le 21 février, M. Saied a affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays.

La cedeao parle d’une mal-interprétation

Après ce discours, condamné par des ONG comme « raciste et haineux« , M. Saied a affirmé lors d’une première entrevue avec le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo, qui faisait escale à Tunis, que les Africains présents en Tunisie étaient des « frères« , selon une vidéo diffusée par la présidence tunisienne.

Affirmant que l’objectif de son discours était de faire respecter la « légalité tunisienne concernant les étrangers » et d’empêcher toute « juridiction parallèle aux juridictions de l’Etat« , il a rejeté les « propos malveillants » de ceux qui « ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie« .

« Cette situation concernant les Africains ne peut être interprétée par les langues malveillantes, comme ils l’ont fait ces derniers jours, comme du racisme. De quoi ils parlent? Ils divaguent« , a-t-il ajouté.

« Je suis Africain et je suis fier de l’être« , a-t-il encore dit.

M. Embalo, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a parlé d’une « mal-interprétation » du discours de M. Saied sur les migrants subsahariens, affirmant qu’il ne pouvait pas croire que « le président de la Tunisie, le pays de (Habib) Bourguiba, peut être xénophobe ou raciste« .

L’Union africaine avait condamné des déclarations « choquantes », appelant les pays membres à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste« .

Suite à ces propos haineux, les autorités tunisiennes ont dû décider une batterie de mesures en faveur des Subsahariens afin de désamorcer la situation.

V.A.