CAN 2019: Mohamed Salah, un tournoi en enfer

Afriquinfos Editeur
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La star Mohamed Salah et l'Egypte quittent la CAN éliminés dès les 8e de finale par l'Afrique du Sud au stade international du Caire, le 6 juillet 2019

LE CAIRE (© 2019 AFP) – Le Caire, nid de complications: humilié avec l’Egypte devant son public dès les 8es de finale de la CAN, éclaboussé par le scandale Amr Warda, le Pharaon Mohamed Salah rentre à Liverpool esquinté. A le voir frapper le ballon de rage après qu’une faute a été sifflée contre lui, se plaindre et rater ses dribbles, les 75.000 fans du Stade international n’ont pas dû reconnaître leur star, celle qui célèbre ses buts avec une pose de yoga.

Pas zen du tout, Salah a vécu impuissant le naufrage de sa sélection face à l’Afrique du Sud (1-0) samedi, un échec monumental pour le pays hôte et pour lui-même. Dans la nuit, le président de la Fédération nationale de foot Hani Abou Rida a remis sa démission et limogé tout le staff technique, à commencer par le coach mexicain Javier Aguirre, en première ligne des critiques dans la presse. Mais en Egypte, où son visage s’affiche presque partout, l’aura de la superstar des Reds n’est jamais loin, et ce revers laissera une cicatrice sur son héritage, déjà troublé par un Mondial 2018 raté. Pour le site de la chaîne Sada el-Balad, « Mohamed Salah a été hors contrôle », passant « dix jours de congés en camp d’entraînement sans se rendre compte qu’il était en mission nationale ». S’il était arrivé en Russie diminué, après s’être blessé à une épaule, le joueur de 27 ans a attaqué la CAN dans la lancée d’une saison pleine, couronnée par son sacre en Ligue des champions et le Soulier d’or de meilleur buteur de Premier League. De quoi faire de lui un candidat très sérieux au Ballon d’Or.

-« Equipe de harceleurs »-

Mais, efficace durant la phase de poules (2 buts), il s’est montré incapable de porter avec lui ses coéquipiers, dont le faible niveau et le manque de combativité ont nourri les reproches des observateurs et des fans. Face aux Bafana Bafana, il a montré plus de nervosité que de danger pour l’adversaire. « Je ne vais pas condamner Salah. Il a joué au plus haut niveau durant toute la saison pendant plus de 60 matches. Il a eu de bonnes actions avec Trezeguet, mais tout le poids de l’attaque reposait sur eux », a réagi Wael Gomaa, ancien international devenu consultant pour BeIN. « C’est la pire génération que j’ai vue en sélection d’Egypte, à part pour quelques joueurs. On n’a rien fait pour gagner ce trophée, pas de performance, pas d’état d’esprit », a commenté le journaliste Amir Abdel Halim sur Twitter. Son seul exploit aura été de brouiller son image jusqu’ici très consensuelle, même en Egypte qui n’a d’yeux que pour lui, en s’exprimant dans le scandale autour de son coéquipier Amr Warda, un temps exclu par la Fédération après des accusations de harcèlement sexuel, puis réintégré sous la pression des joueurs.

Le milieu égyptien Amr Warda, accusé de harcèlement, reçoit des consignes de son entraîneur avant son entrée contre l’Afrique du sud, le 6 juillet 2019 au Caire (photo, AFP)

La star, qui appelait à mieux traiter les femmes dans une interview à Time Magazine, a divisé le pays en prenant position en faveur du jeune homme, dont le comportement a été dénoncé par plusieurs victimes. Sur Twitter, il avait appelé à « croire aux secondes chances » et estimé que « bannir n’est pas la réponse ». De nombreux internautes l’ont accusé d’avoir un « double standard ». Après la défaite, d’autres se sont réjouis de l’échec de cette « équipe de harceleurs ». Les supporters égyptiens se consoleront en encourageant le Sénégalais Sadio Mané, partenaire de Salah à Liverpool. Pour ce dernier, les vacances arrivent à point nommé.

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La star des Pharaons, Mohamed Salah, consolée par le capitaine sud-africain après leur duel en 8è de finale de la CAN, le 6 juillet 2019 au Caire (photo, AFP).