Le Drian en visite à Alger ce jeudi pour évoquer prioritairement la Libye et le Mali

Afriquinfos Editeur
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Alger (© 2020 Afriquinfos)- La crise en Libye et au Mali sont essentiellement les sujets qui seront au cœur d’une visite qu’effectue le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ce jeudi 14 octobre 2020 en Algérie. Il s’agira du troisième déplacement du diplomate français à Alger depuis l’élection du président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019.

« A cette occasion, le chef de la diplomatie française sera reçu en audience par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ainsi que par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad », détaille un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Cette visite donnera également lieu à « un échange de vues sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation au Sahara occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties », précise toujours le texte officiel.

Le chef de la diplomatie française plaide de son côté pour l’organisation d’une réunion des voisins de la Libye et doit se rendre prochainement dans ces différents pays. « Nous avons des canaux de discussion historiques, je pense à la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, le Tchad et le Niger, le Soudan un petit peu, pour pouvoir organiser une rencontre des voisins de la Libye qui accompagnerait le processus dit de Berlin », a-t-il déclaré le 7 octobre à l’Assemblée nationale.

Le président Tebboune a salué en septembre dernier la volonté de son homologue Emmanuel Macron de régler « les questions mémorielles », qui empoisonnent les relations Alger et Paris.

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Cette relance des relations a connu un coup de chaud en mai après la diffusion de documentaires sur le mouvement de protestation populaire « Hirak » à la télévision française. Alger avait rappelé pour consultations son ambassadeur à Paris.

De l’instabilité chez les voisins de l’Algérie

La Libye est déchirée entre deux autorités rivales: le Gouvernement d’union nationale (GNA) dans l’Ouest, basé à Tripoli et reconnu par l’Onu, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l’Est. Mis à mal par l’offensive militaire du maréchal Haftar contre Tripoli en avril 2019, qui a depuis tourné court, le processus politique libyen a repris en septembre. De prochaines discussions sont prévues début novembre à Tunis. Les principaux pays impliqués dans la crise libyenne – dont la Turquie, la Russie, les Emirats arabes unis et l’Egypte – se sont engagés en janvier dernier à Berlin à respecter un embargo onusien sur les armes et à cesser toute ingérence, des engagements restés pour l’heure lettre morte.

Alger, qui craint les risques d’instabilité à ses frontières, entend jouer un rôle actif en Libye et au Sahel et réitère sa « disponibilité » à œuvrer pour la paix au Mali, où des autorités de transition ont été mises en place en septembre après le coup d’Etat du 18 août.

Le point sur la situation sécuritaire au Mali

La France a déployé une force antijihadiste de plus de 5.000 hommes au Sahel, notamment au Mali. S’exprimant le 6 septembre 2020, après la mort de deux militaires français de l’opération Barkhane au Mali, M. Le Drian avait indiqué qu’il « n’est pas question de lever la garde » dans le pays, soulignant que la stratégie de renforcement de l’action au Mali « commence à donner ses effets significatifs ».

« Il y a eu au cours de ce semestre des reconquêtes de territoires en particulier dans la région des trois frontières, c’est-à-dire dans la zone entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Nous avons affaire à des groupes jihadistes extrêmement volatiles, extrêmement agiles, mais nous progressons et nous sommes là pour défendre notre sécurité », avait-il affirmé.

Le ministre des Affaires étrangères a par ailleurs assuré que cette opération dans le Sahel n’est pas vaine, car la France forme les armées de cinq pays pour qu’ils assurent ensuite leur propre sécurité, et réfute l’idée qu’un sentiment anti-français monterait au Mali.

V. A.