Une querelle contraint le chiite Zakzaky à rentrer au Nigeria après être à peine parti en Inde pour des soins

Abuja (© 2019 Afriquinfos)- Ibrahim Zakzaky, fondateur du Mouvement islamique du Nigeria (MIN, pro-iranien) et dirigeant de la minorité chiite du Nigeria avait été autorisé à se rendre en Inde pour y être soigné. Mais vendredi, il a pris l’avion pour revenir dans son pays après une querelle à propos de son traitement médical, d’après sa famille et ses partisans. Lui et son épouse Zeenah Ibrahim ont embarqué à New Delhi sur un vol.

Selon une déclaration de Suhailah Zakzaky, fille d’Ibrahim Zakzaky, à l’AFP « ils ont pris un vol Ethiopian Airlines ». Le chiite  avait été autorisé le 5 août par la justice à se rendre sous caution en Inde pour se faire soigner, après des mois de manifestations parfois sanglantes pour réclamer sa libération. Mais une querelle est survenue sur les conditions du traitement, le MIN se plaignant que M. Zakzaky se soit vu refuser l’accès aux médecins de son choix et ait été placé sous surveillance étroite.

 Le fondateur du MIN et son épouse étaient détenus depuis leur arrestation en décembre 2015 après la répression d’une manifestation qui avait fait plusieurs centaines de morts.Le couple était parti lundi pour l’Inde.

Jeudi, M. Zakzaky a annoncé s’être vu enjoindre de quitter l’Inde. Selon ses avocats qui serait âgé d’environ 65 ans, il a perdu son oeil droit et risque de perdre le gauche. Il a aussi dans le corps des éclats de balles reçues en 2015. Le MIN est un groupe représentant la minorité chiite du Nigeria où la majorité des musulmans est d’obédience sunnite.

Inspiré par la révolution iranienne et revendiquant des millions de fidèles dans le nord du Nigeria, il a manifesté quasi quotidiennement ces derniers mois dans la capitale Abuja pour obtenir la libération de son dirigeant. Au moins huit personnes, six manifestants, un journaliste et un policier, avaient été tués le 22 juillet dans des violences pendant une marche. Le MIN, qui avance un bilan de 20 morts dans ses rangs, a été interdit par la présidence nigériane quelques jours plus tard et le groupe qualifié d’organisation « terroriste » par la police.

L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a affirmé qu’au moins trois personnes arrêtées pendant les manifestations du 22 juillet étaient mortes des suites de blessures par balle, après s’être vues refuser tous soins en détention. Le MIN, apparu comme un mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire, est aujourd’hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria, où l’élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l’Arabie-saoudite.

La minorité chiite nigériane compterait environ 4 millions de fidèles sur les quelque 190 millions d’habitants du pays dont le Sud est majoritairement chrétien.

AFP et Xavier-Gilles CARDOZZO

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