Le Togo a gagné en audience à travers la visite d’Hillary Clinton

C'est ce constat que vient de tirer Julian Cohen, professeur de Sciences politiques à New York University (NYU), de la visite de 3 heures d'horloge qu'a effectuée mardi à Lomé la secrétaire d'Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton.

 "Si Washington avait jugé utile de limiter ses contacts lors de la période des sanctions européennes, rien ne justifie plus une telle démarche avec l'avancée des réformes politiques et économiques au Togo. La secrétaire d'Etat l'a d'ailleurs dit à Lomé en des termes on ne peut plus clairs", estime Pr Cohen rapporté mercredi par le site officiel de la République Togolaise.    

En effet, Mme Clinton ne pouvait pas exclure le Togo de son périple ouest africain, et l'universitaire américain y voit un second justificatif : l'élection du Togo au Conseil de sécurité de l'ONU en qualité de membre non permanent et le soutien nécessaire de la diplomatie togolaise aux Etats-Unis sur quelques dossiers particulièrement brûlants comme l'Iran, la Syrie ou la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU.

                             Le Togo sort bien redoré de cette visite

 Le passage d'Hillary Clinton a laissé une bonne empreinte sur l'image internationale du Togo. Première dans l'histoire de ce pays depuis son indépendance, la visite d'une chef de la diplomatie américaine, comme l'estime Julian Cohen, contribue à renforcer la crédibilité et la visibilité de ce pays tout en insufflant un nouveau dynamisme à la coopération bilatérale. Le Togo sera un heureux bénéficiaire de cette nouvelle donne en termes d'aides multiformes et d'afflux des investisseurs américains en direction du territoire togolais.

  Des sentiments de profonde satisfaction ont été également exprimés mardi par Robert Dussey, le Conseiller diplomatique du chef de l'Etat togolais qui affirmait que, de  plus en plus le destin des Etats-Unis et du Togo se croise. "Américains et Togolais travaillent beaucoup ensemble… S'il y a un destin, cela signifie que des événements ne manqueront pas d'animer la vie politique, économique, culturelle et sociale de nos deux Nations", a estimé M. Dussey, se félicitant de l'arrivée à Lomé d'Hillary Clinton.

Le diplomate et universitaire togolais relève que les Etats-Unis entretiennent d'excellentes relations  avec le Togo même si depuis son indépendance il n'a accueilli aucun Secrétaire d'Etat américain sur son sol, la visite d'Hillary Clinton étant la toute première.

"La rencontre entre le président Faure Gnassingbé et la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton est la résultante des reformes multisectorielles initiées par le chef de l'Etat et son gouvernement pour transformer les conditions de vie des Togolais, et  le résultat de la politique du chef de l'Etat que l'on connaît attaché aux valeurs démocratiques et au développement de notre pays", a renchéri M. Dussey.  

 Faisant une illustration récente de l'excellence des relations entre Washington et Lomé, M. Dussey a révélé que les Etats-Unis ont investi au Togo plus de 10 millions de dollars US  (l'équivalent de plus de 6 milliards de FCFA) de 2007 au début 2012 au titre de l'aide bilatérale à travers plusieurs projets dont ceux de santé pilotés par l'USAID et différentes organisations non gouvernementales.

"L'admission du Togo au Conseil de Sécurité de l'ONU est une occasion pour lui d'influer, avec les Etats-Unis, sur les grands évènements du monde. Il doit agir au sein du Conseil et les Etats-Unis l'ont compris",  a également noté  M. Dussey.

 La coopération militaire entre les Etats-Unis et le Togo est en forte croissance, soit environ 4 millions de dollars depuis l'année dernière et principalement 1 million de dollars (environ 600 millions de FCFA) en faveur de la formation des Forces armées togolaises (FAT) pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à en croire le diplomate togolais.

Optimiste pour un partenariat équitable entre les deux Nations, le Conseiller diplomatique du chef de l'Etat togolais fait remarquer que le Togo a besoin de son partenaire américain comme les Etats-Unis aussi en ont de leur partenaire togolais, surtout que ce pays francophone ouest africain siège désormais comme membre non permanent au Conseil de sécurité. Les Etats-Unis d'Amérique, conclut M. Dussey, se réjouissent que le Togo soit un partenaire fiable sur lequel ils peuvent compter pour ensemble construire un monde de paix dans la vision partagée de Barak Obama et de Faure Gnassingbé, leurs deux premiers dirigeants.

 C'est en effet mardi après-midi, aux environs de 15 heures qu'Hillary Clinton a foulé le sol togolais, accueillie à l'aéroport international Gnassingbé Eyadèma de Lomé par le chef du gouvernement togolais, Gilbert Fossoun Houngbo.

             Une visite bien chargée et nourrie d'intenses et fructueuses discussions

Après son entretien avec le chef de l'Etat togolais et l'opposant historique Gilchrist Olympio dont le parti UFC cohabite depuis l'élection présidentielle de mars 2010 avec le RPT au pouvoir dans un gouvernement de consensus. S'adressant aux journalistes présents à l'aéroport quelques minutes avant le départ de Mme Clinton pour le Cap Vert, M. Houngbo a souligné que "la secrétaire d'Etat était venue pour les autorités togolaises à poursuivre les réformes initiés par le chef de l'Etat depuis 2006".

Le Premier ministre togolais a estimé que cette visite "contribue à restaurer l'image du Togo sur la scène internationale", ajoutant toutefois que "ce n'est pas parce que la Secrétaire Clinton est venue au Togo que soudainement le pays va recevoir des millions de dollars de Washington ; car, a-t-il poursuivi, il faut plutôt  mesurer l'impact de cette visite à la place que le Togo reprend sur la scène internationale".

Tout en reconnaissant le poids diplomatique de son pays au Conseil de sécurité, M. Houngbo a tenu à préciser que la venue à Lomé d'Hillary Clinton ne s'inscrivait pas uniquement dans ce cadre, mais bien plus généralement dans la relance de la relation bilatérale.

A rappeler qu'au cours de sa visite, Hillary Clinton a évoqué avec le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé, les questions des réformes démocratiques et institutionnelles au Togo ; le rôle que le Togo est appelé à jouer aux côtés des Etats-Unis au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en sa qualité de membre non permanent, concernant notamment l'Iran, la Syrie et la volonté de l'Autorité palestinienne d'obtenir la reconnaissance des Nations Unies; la  relance de la coopération bilatérale ; la lutte commune contre le terrorisme, le trafic de drogue et la piraterie maritime.

Le Togo siège depuis le début de l'année au sein du Conseil de sécurité, l'organe le plus influent de l'ONU.

Un grand nombre de personnalités des deux côtés ont pris part à ces discussions dont Johnnie Carson, le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Afrique, Grant Harris, Conseiller spécial, de Cheryl Mills, Directrice de cabinet, de Victoria Nuland, la Porte-parole, de Jacob Sullivan, le Directeur adjoint de Cabinet et de Simon Hankison, le Chargé d'Affaires américain au Togo.

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