Sierra Leone : pas de trace des promesses du « diamant de la paix » jusqu’ici

Afriquinfos
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Freetown (© 2018 Afriquinfos)- Vendu aux enchères par le gouvernement pour 6,5 millions de dollars le 4 décembre 2017 à New York,  le diamant découvert dans la province diamantifère de Kono, dans l’est de la Sierra Leone et qui a fait fortune au pasteur évangélique Emmanuel Momoh, devait incarner la rupture avec les fameux « diamants du sang », les retombées de la vente de cette pierre exceptionnelle tarde à se manifester.

En effet, le pasteur est détenteur d’une licence de prospection minière, qui emploie les hommes ayant découvert en mars 2017 ce diamant de 709 carats (environ 140 grammes), à proximité du village de Koryardu.

Suivant le seul circuit légal pour vendre ce diamant non taillé, Emmanuel Momoh l’avait remis à l’administration du président de l’époque, Ernest Bai Koroma, qui l’avait baptisé « diamant de la paix ».

En fait, en vendant elles-mêmes le diamant, les autorités voulaient encourager les prospecteurs à renoncer aux trafics.

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Le gouvernement avait d’abord jugé insuffisante la meilleure offre reçue lors d’enchères organisées en mai à la Banque centrale de Freetown, qui était de plus de 7 millions de dollars. Il s’était alors résolu à vendre le diamant à l’étranger, pour finalement n’en obtenir que 6,5 millions. « J’aurais aussi pu faire sortir le diamant (de Sierra Leone) vers la Belgique, via un passeur local, mais j’étais convaincu que le gouvernement devait s’engager pour aider nos concitoyens, donc je l’ai remis » aux autorités, avait-il expliqué.

Déduction faite de la part due aux cinq mineurs à l’origine de la découverte, Emmanuel Momoh a tiré de la vente environ deux millions de dollars, dont il n’a conservé que la moitié à la suite de dons à des chefs traditionnels, des oeuvres caritatives et des habitants du village, a-t-il indiqué à l’AFP.

L’État a de son côté perçu 60% du produit de la vente, dont un quart, soit environ un million de dollars, devait être alloué à un fonds pour le développement de Koryardu.

« Si le gouvernement ne tient pas ses promesses, les gens n’auront plus confiance et n’apporteront plus leurs diamants aux autorités. Pas seulement à Koryardu, mais dans toute la région de Kono », prédit Emmanuel Momoh.

Il faut rappeler que la controverse autour de ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits en Afrique, comme en Angola ou en Sierra Leone, a abouti à la création du régime international de certification dit « de Kimberley », entré en vigueur en 2003, qui fixe les conditions d’exportation des diamants pour ses 75 États membres.

I.N.