Saccage de l’Institut français de Ouaga, un grand coup dur à la Culture au Faso

Afriquinfos Editeur
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Ouagadougou (© 2022 Afriquinfos)- Les manifestations culturelles tourneront au ralenti au Burkina Faso, les mois voire l’année à venir. En somme, le temps qu’il faudra pour faire renaître de leurs cendres, les Instituts français de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, vandalisés par les manifestants en marge du coup d’Etat qui a vu Paul-Henri Damiba déchu de son pouvoir. Les acteurs culturels locaux parlent d’auto-flagellation et appréhendent pour les évènements majeurs dont le Fespaco dont des projections devaient se tenir au sein dudit institut.  

L’Institut français de Ouagadougou tout comme celui de Bobo-Dioulasso, ne sont plus que champ de ruines. De la guérite de l’établissement à ses différents compartiments, le constat est désolant : des vitres, certaines, blindées, sont réduites en morceaux, des pièces et leurs contenus ravagés par des flammes, des murs démolis, des objets de tous genres mis à sac, des services littéralement dévalisés. Tous les bâtiments ont été saccagés : les deux niveaux de la médiathèque adultes, la médiathèque enfants, le centre de langue, la salle d’exposition et les deux salles de spectacle.

Pour l’heure, impossible d’y tenir une quelconque activité culturelle au grand dam des acteurs du secteur : ‘’ C’est une grande tristesse de voir tout ce qui s’est passé dans les Instituts français. C’est une grande perte pour nous artistes burkinabés. Parce que tout ce qu’on avait prévu comme projets ne sera plus possible, en tout cas pas pour l’instant. Avec tous ces dégâts, il faudra du temps pour une remise en place. Du coup, ça nous ramène en arrière et ce n’est pas évident de trouver d’autres partenaires pour ces événements’’, déplore Kantala, musicien. Il est Directeur artistique du Festival la Voix de la Kora qui devait se tenir en ce mois d’octobre au sein de l’institut ainsi que d’autres prestations et projets.

Pour les artistes qui sont venus voir de visu les dégâts causés par les manifestants, ces derniers ont agi par ignorance de l’apport de l’institut français sur la culture burkinabè. L’endroit a vu naître des événements culturels majeurs de la capitale, comme les festivals Jazz à Ouaga et Ouaga hip-hop. « C’est vrai que l’établissement porte le nom français, mais c’est en réalité un lieu que se sont approprié bien des Burkinabés », renchérit Kantala. « En saccageant ce cadre culturel, ces manifestants se sont dit qu’ils ont fait du mal à la France. En vrai, c’est contre nous-mêmes que le mal est dirigé puisque plus d’artistes burkinabés en pâtissent », regrette Sahab Koanda, plasticien et comédien.

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C’est en effet toute l’industrie culturelle du Burkina Faso qui reçoit un coup avec le saccage de ces instituts. Même des festivals de renom en sont impactés. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), dont la 28e édition devait avoir lieu du 25 février au 4 mars 2023 et ne pourra pas avoir accès aux salles qui lui sont habituellement réservées pour les projections officielles de la biennale.

C’est donc l’incompréhension qui prévaut dans les milieux culturels burkinabè. Les 70 % d’expositions faites par les artistes burkinabè sur l’ensemble de la programmation de l’Institut français attendre que le bâtiment soit remis sur pied.

Boniface T.