Réarticulation de Barkhane et terrorisme: Bénin, seul pays côtier ouest-africain à profiter au maximum de l’offre française

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

Cotonou (© 2022 Afriquinfos)- Face à la récurrence des actes terroristes dans la partie septentrionale du pays, les autorités béninoises entendent renforcer leur dispositif sécuritaire. La visite de travail du Général Bruno Baratz, Commandant de la Force Barkhane à Cotonou, participe à cette volonté du Bénin de renforcer sa lutte nationale contre les djihadistes.  

Cotonou peut compter sur Paris dans le renforcement de sa riposte contre le terrorisme. En visite de travail de 48 h au Bénin du Général Bruno Baratz, Commandant de la Force Barkhane, a confirmé les engagements pris par Emmanuel Macron lors de sa séjour dans le pays en juillet dernier.

’La France sera toujours aux côtés des autorités béninoises pour faire face à cette menace. Elle le sera, en répondant à vos demandes’’, a assuré le Président français. L’accompagnement de la France va se traduire par la livraison d’équipements, des séances de formation, un appui aérien et des renseignements.

Aussi, Bruno Baratz a-t-il discuté avec les autorités militaires béninoises de la nouvelle stratégie d’accompagnement de la France dans le cadre de la lutte contre les attaques terroristes.

- Advertisement -

Le patron de Barkhane accompagné du général Étienne du Peyroux, a rencontré le Ministre béninois en charge de la Défense, le Chef d’Etat-major de l’armée de terre et un responsable du cabinet militaire du président Patrice Talon. Tout ce beau monde s’est ensuite rendu sur le site où des instructeurs français assurent la formation des sections de l’armée béninoise.

Ce rapprochement de Cotonou et Paris augure-t-il d’une installation de Barkhane au Bénin ? Selon certaines indiscrétions, Bruno Baratz a expliqué à la partie béninoise que la France ne souhaite plus prendre le devant des opérations. Elle ne veut donc plus être en ‘’première ligne ‘’ de la lutte. Mais dans la foulée de la visite de l’officier français, certains opposants béninois croient savoir que la Force Barkhane a déjà pris ses quartiers dans le nord du pays.

Selon un communiqué publié le 6 octobre par le Parti Communiste Béninois (PCB), des éléments de la force Barkhane seraient installés dans la commune de Kandi, dans un camp du 2e arrondissement. ‘’Le domaine fait partie du domaine du camp militaire auparavant occupé par les infrastructures des militaires béninois…ce domaine n’était pas clôturé sur les côtés Sud-Nord-Est ; c’est seulement sur le côté Ouest qu’un pan de mur a été élevé. C’est de façon précipitée qu’un mur a été élevé sur le côté Nord…Ce côté fait bordure avec une voie très fréquentée par les populations. Elle conduit à Ségbana ‘’, a précisé le PCB pour étayer ses soupçons tout en demandant un ‘’départ immédiat’’ de la force française.

Ces interpellations ont suscité un démenti de l’exécutif béninois par le biais de son porte-parole ‘’  C’est un fait majeur si cela devait arriver. Et si cela devait arriver, vous ne manquerez pas d’être informés. Si demain, le Bénin fait cette option, vous serez informés. Ce n’est pas quelque chose qui peut arriver et qui resterait caché’’, avait-il déclaré.

Cette fronde face à la présence de la Force Barkhane qui a quitté le Mali, a également eu lieu au Niger où des contingents français sont malgré tout installés depuis quelques mois.

La France a officiellement proposé son appui aux pays côtiers dans la lignée de l’Initiative d’Accra et des opérations militaires conjointes menée dans ce cadre, par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo. ‘’La menace terroriste affecte désormais les pays côtiers, avec, pour la première fois, trois attaques contre les forces de défense et de sécurité au Bénin. Les violences contre les civils continuent au Burkina Faso, au Mali et au Niger… Cette situation impose de réagir. Nous devons doter les pays de la région des moyens de lutter contre le terrorisme’’, déclarait en janvier 2022, Nicolas de Rivière, Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies devant le Conseil de Sécurité.

Sauf que pour l’heure, outre le Bénin, les autres pays côtiers d ;Afrique de l’Ouest, ne se bousculent pas au portillon pour bénéficier du soutien de Paris. La guerre d’influence que se livrent la France, la Russie, les Etats-Unis et d’autres puissances occidentales et asiatiques sur le continent aurait-il quelque chose à voir avec cette réserve ?

Boniface T.