Quand les frasques de Y. Jammeh rencontrent la lucidité/Le mariage des enfants passible de la prison à vie en Gambie

Afriquinfos
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Le Président Jammeh interdit le mariage forcé des enfants et même des adultes avec une forte dose de peine drastique. Ceux qui en viendraient à enfreindre la loi encouront des peines allant de 20 ans d’emprisonnement à la prison à vie.

«Quiconque épouse une fille n’ayant pas atteint l’âge de 18 ans fera 20 ans de prison», a-t-il insisté devant des dignitaires musulmans. Le Président gambien a précisé que «les parents de la fille feront 21 ans de prison et toute personne ayant connaissance de ce mariage et ne l’ayant pas signalé aux autorités fera dix (10) ans de prison». Il a également déclaré que cette mesure concerne les adultes. Yahya Jammeh persiste que même le mariage d’un adulte (40 ans) qui serait contraint «est illégal».  Il n’a pas été tendre envers les imams. «L’imam et tous ceux qui dirigeront la cérémonie de mariage seront également envoyés en prison», a-t-il menacé.

Le sulfureux Président gambien n’est pas à sa première mesure. L’année dernière, c’est sous son impulsion qu’une loi contre les mutilations génitales avait été adoptée par les députés. Même s’il faut déplorer quelque peu le caractère drastique de cette nouvelle loi (le Président gambien a demandé aux députés d’accélérer son adoption au plus tard le 21 juillet prochain), elle vise à freiner la progression d’une telle pratique. Selon une étude opérée par la Fondation Ford (en 2010), plus de 38% de filles âgées de 15 à 19 ans avaient été forcées à se marier en Gambie.

Cependant, Yahya Jammeh risque non seulement de rencontrer le courroux des dignitaires mais aussi de se contredire. Le 12 décembre 2015, il avait annoncé que son pays devenait un Etat islamique. «Le destin de la Gambie est entre les mains du Tout-puissant Allah. A partir d’aujourd’hui, la Gambie est un Etat islamique», pouvait-on lire sur le  site officiel de la Présidence gambienne.

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Il avait même déclaré qu’il était favorable à accueillir les Royingas, une minorité musulmane en Birmanie. Autant de choses qui font dire que l’homme fort de la Gambie est coutumier des frasques. Il avait annoncé l’interdiction de la langue anglaise (le pays a hérité de l’anglais pour avoir été une colonie britannique) comme officielle, une décision qui n’a jamais été appliquée. Par ailleurs, en 2014, il avait claqué la porte du Sommet du Commonwealth. Il se fait également passer pour guérisseur du Sida…

Anani   GALLEY