Nigeria/Bavure dans le Borno: «Cette attaque est choquante et inacceptable», Dr Jean-Clément Cabrol de MSF

Afriquinfos
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Lagos (Afriquinfos 2017)A Rann, dans le Nord-est du Nigeria, une frappe de l’armée a fait au moins 52 morts, dont six (06) humanitaires de la Croix-Rouge locale, et 120 autres blessées. La bavure s’est produite dans un camp où vivent plusieurs milliers de déplacés.

 

Selon l’armée nigériane, des militaires au sol, appuyés par des forces aériennes étaient à la poursuite d’insurgés islamistes. Malheureusement,  un des avions a bombardé par erreur l’intérieur du camp de Rann, pendant que les humanitaires distribuaient de la nourriture aux réfugiés qui ont fui les violences.

«Cette attaque à grande échelle contre des personnes vulnérables qui ont déjà fui des violences extrêmes est choquante et inacceptable», a déclaré Dr Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF). De son côté, Laurent Ligozat, Directeur adjoint des opérations, s’est dit choqué par cette grosse erreur de l’armée nigériane: «C’est vrai que la zone est assez instable, on le sait, en périphérie, il y a des groupes armés de Boko Haram qui sont présents mais là, on ne parle pas d’un bombardement en périphérie. Le ciblage a été fait en plein milieu. On est vraiment face à une bavure et c’est assez incompréhensible», a-t-il déploré.

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Selon lui, des discussions doivent être engagées avec les autorités après une telle tragédie. «La situation dans l’Etat de Borno est loin d’être stabilisée, les besoins des populations restent importants… Evidemment, avoir une réflexion sur le type de relation qu’on a avec les autorités civiles et militaires de la zone, et notamment les garanties qu’ils peuvent nous donner, me semble essentiel», a proposé Laurent Ligozat.

Suite à ce drame, les dispositions sont prises pour secourir les blessés. Tous les hôpitaux de Maiduguri ont été placés en état d’alerte. Un hélicoptère de la Croix-Rouge évacue les victimes vers la capitale de l’Etat du Borno. Cependant, pour l’instant, ni l’armée nigériane ni l’Etat du Borno n’ont communiqué sur le nombre exact des victimes.

Actions fermes

«J’ai ordonné à l’aviation d’intervenir pour résoudre le problème. La frappe a été menée, mais malheureusement, il s’est avéré que des habitants ont été touchés», a-t-il déclaré Lucky Irabor, (le général qui commande les opérations militaires contre le groupe jihadiste Boko Haram) lors d’un point presse à Maiduguri, la capitale du Borno. Il a affirmé que l’aviation avait reçu des informations faisant état de regroupements de «terroristes de Boko Haram» dans la région de Kala-Balge.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, a regretté l’opération et compati aux douleurs des victimes et de la Croix-rouge.  Il a affirmé  avoir appris la nouvelle «avec une profonde tristesse».

«C’est avec une grande tristesse que j’annonce cette nouvelle. Les victimes sont des employés de la Croix-Rouge nigériane, d’autres étaient des bénévoles. Ils faisaient partie d’une équipe déployée à Rann pour apporter de la nourriture à plus de 25.000 personnes déplacées qui en avaient un besoin vital. Je travaille avec la CICR depuis deux ans et c’est la première fois que je vois autant de gens mourir d’un seul coup au sein de la famille Croix-Rouge. Notre organisation travaille dans des régions en guerre, au Nigeria, en Syrie, en Afghanistan, en Irak. Nos équipes sont exposées tous les jours à ce genre de risque. Bien sûr, on essaie de le minimiser. Mais dans ce genre de régions, ce type de catastrophes arrive malheureusement », a déploré Jason Straziuso, Porte-parole régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

 

Anani   GALLEY