Mali : Les regards des partisans déjà tournés vers l’investiture d’Ibrahim Boubacar Keïta

 

Au quartier général de campagne établi au Quartier du fleuve à Bamako, en attendant la proclamation des résultats provisoires officiels du scrutin annoncée pour jeudi par le ministère de l’Administration territoriale, les proches de l’ancien Premier ministre ne font pas mystère de ces préparatifs, un des sujets de discussions de la multitude de réunions organisées tous les jours.

Chargé des relations publiques au sein de cet état-major politique, Abderamane Sylla a confirmé mercredi à Xinhua la tenue « de réunions pour la préparation de la suite des événements, dont l’investiture ». « Il y a beaucoup de réunions, formelles et informelles, a-t-il précisé, il y en a tout le temps. Vous comprenez qu’il faut gérer des milliers de personnes ».

Après la défaite concédée lundi soir par son adversaire Soumaïla Cissé, qui est allé à son domicile pour le lui faire savoir et le féliciter par la même occasion, lui souhaitant au passage plein succès dans l’accomplissement de sa future mission à la tête du pays, Ibrahim Boubacar Keïta alias « IBK » n’attend plus la confirmation de sa victoire que comme une simple formalité.

Bien qu’il soit crédité par son entourage d’un score proche du plébiscite de la part des quelque 6,8 millions d’électeurs qui étaient appelés aux urnes dimanche après le premier tour le 28 juillet, il est loin de bénéficier d’un état de grâce.

Avec ses 16,2 millions d’habitants traumatisés par la guerre dans le Nord suite à l’occupation de cette partie du territoire en 2012 par des groupes rebelles et terroristes au rang desquels le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement pour unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al Qaïda au Maghreb islamique (ADMI), le Mali figure parmi les pays les pauvres du monde.

Aidé par cette « accélération de l’histoire » qui fait de lui « l’homme providentiel dont les Maliens avaient besoin », selon une analyse du journaliste Ousmane Ndiaye qui passe aujourd’hui pour un connaisseur de la géopolitique du Nord-Mali, « IBK » est cependant confronté au défi de rétablir l’Etat-nation suite à la faillite des régimes précédents, au risque de la persistance des velléités irrédentistes.

Il est vrai qu’il s’était distingué face au pacte autour d’Amadou Toumani Touré, renversé par une mutinerie de l’armée muée en coup d’Etat militaire mené en mars 2012 par le capitaine Amadou Sanogo, promu ce mercredi même général de corps d’armée par un décret du président par intérim Dioncounda Traoré, comme « l’un des rares à dire non et à dénoncer les accords de 2006 avec la rébellion touarègue du MNLA qui ont préconisé la démilitarisation du Nord », rappelle Ndiaye.

De facto, l’ex-chef du gouvernement a été élu sur la base d’un préjugé favorable, déduit le journaliste. Reste que, poursuit celui-ci à propos de ce dossier crucial qui polarise toutes l’attention au-delà des frontières maliennes, « on ne peut régler les questions du Nord par les accords de paix. Il est nécessaire de promouvoir la décentralisation pour promouvoir le développement dans cette région ».

C’est précisément la principale revendication des populations locales, coupées de l’Etat par un enclavement criard qui ne se limite du reste pas à ce territoire. A commencer par Bamako, le Mali manque cruellement de routes. La capitale baigne en ce moment dans une insalubrité indescriptible qui s’étend à pratiquement tous les quartiers.

 Au second tour de la présidentielle dimanche par exemple, certains centres de vote comme celui de l’Ecole du Fleuve du quartier Djicoroni Para qui a reçu la visite de l’ex-commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire Louis Michel, chef de la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE), étaient difficiles d’accès, pour cause d’inondation après une forte pluie tombée ce jour-là sur la ville.

 Le futur chef de l’Etat a battu campagne avec un programme d’action décliné en cinq axes principaux où, sur la question de la réconciliation nationale, il a promis l’organisation des Assises nationales du Nord. Abderamane Sylla voit déjà dans ce projet une réussite, soutenant que « le peuple malien est un peuple capable de rebond. Nous l’avons toujours démontré à toutes les étapes de notre histoire. Le problème du Nord va se résoudre rapidement ».

Un chantier spécifique a été défini par le prochain locataire du palais de Koulouba pour l’armée pour laquelle il projette l’adoption d’une loi de programmation et d’orientation militaire, concernant le dossier de l’armée. En matière de sécurité, il envisage la création de l’Institut de prévention des crises et des conflits, une institution qui viendra certainement s’ajouter à un autre dispositif symbolisé par l’Ecole de maintien Alioune Blondin Bèye de Bamako.

Il entend s’attaquer à l’hydre de la gabegie et de la corruption en annonçant l’adoption d’une loi contre l’enrichissement illicite, en guise de promotion de la gouvernance. Au cours de ces cinq ans de mandat, il promet la création de 200.000 emplois à ses concitoyens, la construction de 50.000 logements sociaux puis le lancement de la couverture maladie universelle.

Il devra confirmer ses engagements lors de sa première intervention en tant que président élu, pour laquelle son entourage ne communique aucune date pour l’instant.

Lire aussi

[custom-related-posts]
Afriquinfos.com © Copyright 2020, Tous droits réservés