Lors d'un putsch militaire survenu le 22 mars dernier à Bamako, les trois régions administratives du nord du Mali – Tombouctou, Gao et Kidal – sont tombées aux mains des groupes islamistes radicaux Ansar Dine et Mujao (Mouvement pour l'unicité du djihad en Afrique de l’Ouest). Ces groupes sont de fervents alliés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Depuis, ces groupes répandent la « bonne parole » à travers le pays : ils obligent les populations à se plier aux lois de la charia et usent de la force pour ce faire. Après s’être attaqués au patrimoine malien, détruisant des mausolées « hérétiques », classés patrimoine mondial de l’UNESCO, ils s’engagent maintenant dans une véritable chasse aux sorcières.
Lundi, c’est un habitant de Tombouctou qui a fait les frais de cette nouvelle répression. Accusé d'avoir bu de l'alcool, il a reçu quarante coups de fouet. C’est le groupe islamiste Ansar Dine qui est à l’origine de cette punition. Par ailleurs, tous les débits de boisson de la ville ont été soigneusement détruits.
Les fumeurs n’échappent pas à la répression : le mois dernier, dans une autre grande ville du nord du Mali, les islamistes du Mujao ont brûlé des cartons de cigarettes. Dans la ville de Bourem, dans le nord, ils ont fouetté des fumeurs.
La répression va plus loin : ces islamistes réservent le même sort au couple en concubinage. Ainsi, le 20 juin dernier, c’est un couple qui a été battu par les membres d’Ansar Dine pour avoir eu un enfant hors mariage : ce « délit » leur a coûté 100 coups de fouet. En mai à Gao, les islamistes du Mujao s’en sont pris aux enfants, leur interdisant de jouer au football et de regarder la télévision.
Cette situation politique instable à de graves répercussions sur les populations, qui se trouvent désormais dans une situation d’insécurité alimentaire grave. Ainsi, pour venir en aide aux populations du nord du pays qui n’arrivent même plus à satisfaire leurs besoins alimentaires essentiels, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a lancé le 14 juillet dernier une action alimentaire de grande envergure. La distribution de nourriture a commencé à Gao et Tombouctou où les populations sont le plus touchées par les violences et la crise alimentaire. L’aide alimentaire s’étendra bientôt à Kidal, en coopération avec la Croix Rouge Malienne.