L’ONU demande ‘un calendrier électoral acceptable et une transition raisonnable’ aux juntes en Afrique

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Michele Bachelet, Presidente of Chile speaks during Special Session of the Human Rights Council. 29 March 2017.

Genève (© 2022 Afriquinfos)- « Un calendrier électoral acceptable » et une transition « raisonnable » : c’est ce que réclame  les Nations Unies, alors que les différentes juntes militaires au pouvoir dans trois pays ouest-africains et au Tchad tablent sur des fins de transitions pouvant atteindre deux ans ou plus.

« Depuis les récents changements anticonstitutionnels de pouvoir au Burkina Faso, au Tchad, en Guinée et au Mali, nous attendons des feuilles de route de transition et des calendriers électoraux raisonnables pour céder le pouvoir à des gouvernements dirigés par des civils et dotés d’une légitimité démocratique », a déclaré ce lundi à Genève  la cheffe du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.

S’exprimant à l’ouverture de la 50e session du Conseil des droits de l’homme, l’ancienne Présidente chilienne a appelé de ses vœux pour des « transitions inclusives ». Celles-ci répondent aux doléances plus larges des populations. Ces transitions doivent ainsi permettre de construire des « sociétés démocratiques fondées sur la reddition des comptes et l’État de droit ».

Situation préoccupante dans d’autres pays

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S’agissant de l’Angola et du Kenya, Mme Bachelet a plaidé pour de futures « élections pacifiques et inclusives ». Cependant, la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiétée de la « dégradation de la situation des droits de l’homme » en République centrafricaine (RCA) et au Mali.

Au Burkina Faso, elle déplore le sort des civils, victimes d’attaques de la part de groupes armés extrémistes. Face aux défis sécuritaires et aux menaces terroristes dans le Sahel, elle estime que les partenariats régionaux et les réponses collectives sont cruciaux. Mme Bachelet a regretté « la paralysie de la Force conjointe du G5 Sahel ».

S’agissant de la situation dans la Corne de l’Afrique, Mme Bachelet s’est préoccupée de l’impact de la nouvelle escalade des violations et des abus des droits de l’homme dans le cadre du conflit dans le nord de l’Éthiopie. Des informations font état de violations et d’abus des droits de l’homme dans les régions de Benishangul-Gumuz et d’Oromia.

Il s’agit notamment d’attaques contre des civils, de détentions arbitraires et de destruction de biens. Au Soudan du Sud voisin, l’impunité des violations des droits de l’homme y persistante.

Dans son discours, la Chilienne, âgée de 70 ans, avait déclaré que c’était sa dernière grande intervention devant l’instance avant la fin de son mandat qui s’achève fin août.

« Alors que mon mandat de Haut-commissaire arrive à son terme, cette 50e session du Conseil sera la dernière à laquelle je m’exprimerai », a dit l’ancienne Présidente du Chili.

Première femme Présidente du Chili, victime de la torture Mme Bachelet, Madame Bachelet a été nommée Cheffe des droits de l’homme de l’ONU par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en 2018.

L’Afrique de l’ouest, théâtre de coups d’Etat

L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups de force des colonels et lieutenant-colonel en moins de deux ans: putsch le 18 août 2020 à Bamako, nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.

Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour abréger les périodes dites de transition avant un retour des civils à la direction de leur pays.

Les dirigeants ouest-africains réunis à Accra ce 4  juin 2022, se sont séparés samedi, mais sans s’entendre sur les sanctions à l’encontre des régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Ils se retrouveront le 3 juillet prochain dans la capitale ghanéenne.

Les décisions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont été reportées à un sommet à Accra le 3 juillet.

Un participant au sommet avait expliqué, également sous le couvert de l’anonymat, que les chefs d’État n’avaient pas réussi à s’entendre, « surtout sur le Mali ». Les dirigeants des États membres de la Cédéao se retrouvaient pour décider d’atténuer ou de durcir les sanctions contre ces pays où les juntes n’entendent pas lâcher de sitôt le pouvoir pris par la force.

« Le sommet réexaminera et évaluera la situation au Mali, en Guinée et au Burkina Faso à la lumière des récents évènements dans la région et du contexte global qui affectent nos pays ».avait dit le président ghanéen Nana Akufo-Addo à l’ouverture de la session en présence des chefs d’Etat de la plupart des 15 pays membres, sauf ceux des trois pays concernés.

Les travaux ont ensuite continué à huis clos. Il s’agissait en particulier de dire si les sévères mesures de rétorsion infligées au Mali le 9 janvier pour stopper le projet des militaires de gouverner cinq années de plus étaient maintenues, allégées, voire levées.

Le Burkina, autre pays sahélien pris dans la tourmente jihadiste, et la Guinée ne sont pour l’heure que suspendus des organes de la Cédéao. Mais les juntes en place entendent y rester trois ans.

V.A.