Les retombées de la nouvelle mini-tournée africaine de Guterres

Afriquinfos Editeur
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Dakar (© 2022 Afriquinfos) – C’est dans un contexte de crise internationale, avec une tension autour de l’approvisionnement en hydrocarbures et une augmentation des prix du blé et des engrais qui sévissent déjà dans plusieurs pays du continent, qu’Antonio Guterres a entrepris une mini-tournée régionale. Avec des escales au Sénégal, au Niger et au Nigeria.

Au Sénégal, où le secrétaire général des Nations unies a entamé sa tournée ce dimanche 1er mai 2022, la situation sécuritaire en Afrique et au Sahel a été le premier sujet d’intérêt commun abordé par Macky Sall et M. Guterres. Le chef de l’Etat sénégalais et actuel président en exercice de l’Union Africaine (UA),  a évoqué la recrudescence des coups d’État dans la région, faisant référence sans les nommer au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso.

Antonio Guterres a de son côté répondu qu’ils avaient convenu de «l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto [des trois pays] afin d’instaurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs».

Il a aussi rappelé son attachement «à des opérations africaines de paix et de lutte antiterroriste robustes mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU».

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La guerre en Ukraine qui fait d’ailleurs craindre une crise alimentaire sans précédent sur le continent, a évidemment été l’un des sujets de discussions entre les deux hommes. De son côté, Macky Sall en a listé les conséquences négatives en Afrique : «Nous avons des tensions sur l’approvisionnement des produits pétroliers, il y a une poussée inflationniste et il y a surtout des menaces de famines, du fait que les fertilisants viennent également de la même région sans avoir accès aux fertilisants. Evidemment, les récoltes seront de mauvaises récoltes, ce qui va entraîner des situations de famine».

Antonio Guterres s’est inquiété que la guerre «aggrave une triple crise : alimentaire, énergétique et financière» en Afrique. «Nous devons garantir un flux régulier de denrées alimentaires et d’énergie sur les marchés ouverts en levant toutes les restrictions inutiles à l’exportation et en contrôlant les prix des denrées alimentaires».

Agir pour l’urgence climatique en Afrique

«Il est temps de passer aux actes. Il est temps de tenir la promesse des 100 milliards de dollars par an faite à Paris», a déclaré M. Guterres à Dakar, dans une référence à l’engagement pris par les pays développés – mais à ce jour non tenu – d’accorder collectivement cette somme aux pays du Sud à partir de 2020 pour les aider à financer leur transition écologique et à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique.

«L’urgence climatique (…) accroît le risque sécuritaire», a déclaré M. Guterres alors que l’Afrique de l’Ouest, fragilisée par la crise sahélienne, a été déstabilisée par les coups d’Etat militaires survenus successivement depuis 2020 au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. «Les pays africains, qui ne sont pourtant pas responsables [du changement climatique], en sont souvent les premières victimes», a ajouté M. Guterres, jugeant «essentiel que la moitié des financements climatiques soit consacrée aux programmes d’adaptation et de résilience afin de venir en aide aux communautés vulnérables».

Le patron de l’Onu a en marge de son séjour au Sénégal, visité la cité de des Nations unies en construction à une trentaine de kilomètres de Dakar, il est aussi passé par l’usine de fabrication de vaccins de l’institut Pasteur.

M. Guterres repartira ce lundi 2 mai, jour de l’Aïd el-Fitr qui marque la fin du ramadan, pour prendre la direction du Niger puis du Nigeria avant de retourner à New York le mardi 3 mai. Ce déplacement est une vieille tradition abandonnée pendant la pandémie. En effet, le secrétaire général était habitué de faire des visites de solidarité à des pays de confession musulmane au moment du ramadan, et ce, depuis qu’il était Haut-Commissaire aux réfugiés.

Vignikpo Akpéné