Les institutions africaines condamnent par principe le coup d’Etat en Guinée

Afriquinfos Editeur
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Abuja (© 2021 Afriquinfos)- Comme on pouvait s’y attendre, les institutions africaines n’ont pas tardé à monter au créneau en réaction au coup d’Etat du dimanche 5 septembre 2021 en Guinée. Les éléments du Groupement des forces spéciales, avec à leur tête, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, sont les nouveaux maîtres du pays. Cependant, ils font face à des désapprobations de la part des institutions africaines et internationales.

Parmi les premières réactions, celle de  l’Union africaine (UA). L’institution panafricaine a publié un communiqué sur la situation signé par le président en exercice de l’UA, le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, et le président de Commission, Moussa Faki Mahamat. Les deux dirigeants ont condamné toute prise de pouvoir par la force et ont demandé la libération immédiate d’Alpha Condé. Ils ont également invité le Conseil de paix et de sécurité de se réunir en urgence pour examiner la situation et prendre des mesures appropriées.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est également exprimée sur la situation. Dans un communiqué, signé par le président en exercice, le chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Ado, la Cedeao a fait part de sa grande préoccupation et condamné « cette tentative de coup d’État ». Elle exige le retour à l’ordre constitutionnel et demande la libération du président Condé.

Du côté de la société civile africaine, la tendance est plutôt à l’analyse. Ainsi Alioune Tine, le président du think tank Afrikajom, estime que « le retour des coups d’État militaires, des autoritarismes et les impasses politiques partout sont un indicateur de la détérioration de la situation politique et sociale en Afrique de l’Ouest ». De son point de vue, « il faut condamner les coups d’État militaires et toutes les formes de prise de pouvoir par la force et par des voies inconstitutionnelles. Cependant, réfléchir sur les pathologies et dysfonctionnements démocratiques qui créent les coups d’État et leur trouver les bonnes réponses. »

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Des États d’Afrique ont également condamné sans équivoque le coup d’État. On peut entre-autre citer la réaction de certains dirigeants africains, notamment celle du président Burundais, Évariste Ndayishimiye. Ce dernier a condamné sur Twitter « le coup d’État en République de Guinée ». Il a également lancé un appel au calme.

Condamnation de la communauté internationale

Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a affirmé dans un communiqué suivre personnellement la situation dans le pays, tout en appelant à la libération immédiate du président Alpha Condé.

Sur la scène internationale, la France a vivement réagi. Paris « se joint à l’appel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour condamner la tentative de prise de pouvoir par la force » survenue dimanche et « demander le retour à l’ordre constitutionnel », écrit le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay.

« Le putsch contre le Pr Alpha Condé est inquiétant », a tweeté l’ancien envoyé spécial américain pour le Sahel Peter Pham. « Quelle que soit la justification donnée, un changement de régime extraconstitutionnel est toujours déstabilisant pour un pays et mauvais pour son économie, ainsi qu’un revers pour le progrès de l’Afrique. »

Les événements sont allés très vite en Guinée, ce dimanche 5 septembre. Les forces spéciales guinéennes ont pris le pouvoir depuis la capitale, Conakry. Elles ont revendiqué l’arrestation du président Alpha Condé.

Trois coups d’État en 60 ans

A ce jour, la Guinée compte trois coups d’État en soixante ans, de multiples tentatives réelles ou supposées. Dans le pays, l’armée a toujours été l’arbitre ultime des joutes et des transitions politiques. Durant le règne de Sekou Touré, le père de l’indépendance, les tentatives de déstabilisation, souvent orchestrées depuis l’étranger, poussent le président à donner une importance croissante aux militaires dans la gestion du pays.

À sa mort en 1984, c’est par un coup d’État que se règle la succession. Alors colonel, Lansana Conté renverse Louis Beavogui, président de transition, et met en place un Comité militaire de redressement national. Un an plus tard, le colonel Diarra Traoré tente – sans succès – un coup d’État, ce qui entraîne une purge sanglante au sein des forces armées.

En 1996, des soldats se mutinent. Lansana Conté échappe de peu à la mort. Celle-ci le rattrape en 2008. Au lendemain de son décès, un jeune capitaine sans envergure, Moussa Dadis Camara, prend le pouvoir à la tête d’un Comité national pour la démocratie et le développement.

 

Innocente Nice